Le secteur du numérique affiche toujours une croissance économique. Toutefois, l’un des premiers freins à la croissance des entreprises du numérique est la diminution du business. Les professionnels de Numeum invitent l’écosystème à maintenir, sinon accélérer les investissements dans le secteur. En particulier dans les innovations prometteuses comme l’Agentic ou le SaaS.
A chaque semestre, Numeum et PAC publient son observatoire portant sur les tendances et perspectives du marché du numérique. Un point nécessaire qui permet de détermines la santé et les leviers de croissance de l’ensemble de l’écosystème. Ce rapport semestriel est assis sur les réponses formulées par des entreprises du secteur, représentant 60 % du marché. Ce qui permet d’avoir une bonne vue générale de cet ensemble.
Toujours est-il que le secteur du numérique témoigne une fois de plus d’une bonne résistance. Malgré tout, la croissance diminue sur le second semestre 2024 pour se situer à 3,5 % contre 6,5 % sur la même période en 2023. La belle dynamique se poursuit pour les éditeurs de logiciels, portés par leur logique de SaaS avec une progression de 8,2 % (contre 10,3 %) avec une valeur de 26,8 milliards d’euros. Du côté des ESN, la croissance n’est que de 0,7 % (contre 4,1 %) avec une valeur absolue de 34,5 milliards d’euros.
Benoît Darde, Administrateur membre du COMEX de Numeum, explique : « L’ensemble du secteur est en ralentissement. Le point clé se situe sur le terrain des investissements nécessaires pour encourager, soutenir l’innovation et maintenir une dynamique au sein de l’écosystème« . A noter que l’industrie, les services et la Banque/Finance représentent toujours 60 % du marché, même si la quasi-totalité des secteurs ont revu leurs investissements à la baisse.
Des propos soulignés par Véronique Torner, Président de l’organisation représentative du numérique. Elle explique : « L’un des premiers freins à la croissance des entreprises du numérique est la diminution du business. Le Rapport Draghi a récemment rappelé qu’il y avait un manque d’investissement dans les technologies ce qui entraîne un retard économique de l’ensemble de l’écosystème. Il faut donc que les entreprises se saisissent des opportunités offertes par la technologie et l’innovation, par exemple l’IA.«
Dans le détail, on constate que les éléments de croissance sont plus faibles sur la période. Seulement 50 % des sondés (contre 70 % au premier semestre) annoncent une croissance. 21 % d’entre eux sont stables et 29 % en décroissance.
Un contexte particulier mais des relai évidents comme l’Agentic AI
A ces éléments s’ajoute un contexte pour le moins particulier du fait notamment de la récente dissolution du Gouvernement Barnier. En somme, le climat d’incertitude et d’instabilité générées par le contexte politique complique l’appréhension des tendances économiques à venir. Pour autant, les prévisions considèrent que le marché affichera une croissance de 4,1 % en 2025, pour une valeur de 72,2 milliards d’euros. L’ensemble des secteurs stabiliseront leur baisse, sauf pour les éditeurs et les logiciels d’infrastructures qui afficheront de légères hausses.
Dans ce contexte, de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle également appelée Agentic AI sont appelés à servir de relais de croissance. A condition que les investissements permettent une réelle transformation massive.
Jean-Philippe Couturier, Vice-Président du collège des éditeurs et plateformes de logiciels, précise : « L’adoption est encore trop lente car il est encore nécessaire d’acculturer les clients à la technologie. Mais il faut bien comprendre qu’en Europe, notre secteur prend du retard dans l’adoption de ces technologies clé. Il est fondamental de pouvoir maintenir les moteurs de financement de l’investissement comme le CIR ou l’IP Box« . Ces dispositifs concernent à ce titre pas moins de 77 % des sondés par l’observatoire porté par Numeum.
Côté ESN, le contexte s’avère également particulièrement complexe. Charles Mauclair, Président du collège ESN & ICT de Numeum, explique : « Notre activité 2024 a été marquée par la diminution de projets de transformation lancés par nos clients, ce qui impacte leur modernisation. Les ESN ont eu principalement pour rôle d’accompagner les entreprises dans une logique d’optimisation de leurs activités. Nos entreprises sont en revanche légèrement plus optimistes pour 2025, étant donné les enjeux technologiques à saisir par les entreprises« .
En somme, si les clients des entreprises du numérique sont encore dans l’incertitude du fait du contexte politique et économique actuel, il n’en demeure pas moins important d’investir dans le secteur afin de stimuler l’innovation et d’empêcher tout décrochage de l’Europe.
Olivier Robillart