il y a 3 ans -  - 5 minutes

Transition écologique : les 6 tendances technologiques

Quelles sont les grandes tendances technologiques permettant d’engager ou poursuivre la transition écologique et numérique ? Numeum explore 6 “must have” comme autant de leviers majeurs de la transformation. 

L’intelligence artificielle 

Selon Gilles Babinet, Co-président du Conseil national du numérique, l’intelligence artificielle a vocation à se développer comme un corollaire à la transition écologique. Le “numérique vert” permet des gains d’efficacité dans l’ensemble de systèmes de production. 

Le responsable estime que l’intelligence artificielle permet de réduire les émissions dans les chaînes d’approvisionnement en anticipant avec précision l’offre et la demande, en optimisant les itinéraires de transport et le stockage et en identifiant les produits les moins carbonés. C’est le cas pour le secteur de la distribution, de l’agriculture ou des services pour optimiser leurs émissions. 

Intelligence artificielle IA transition écologique

En matière d’achat, les algorithmes peuvent prendre en compte le coût, le délai d’approvisionnement, la criticité de ce délai, et également des externalités comme l’empreinte carbone du produit… En somme, la technologie peut pondérer de nombreux flux hétérogènes en vue d’optimiser les process. 

Pour Jacques Sainte Marie, Adjoint à la Direction Scientifique d’Inria, « le grand nombre de données mesurées et disponibles permet d’appréhender et de quantifier de nombreux phénomènes difficilement accessibles par les modèles classiques. Les données contiennent des informations souvent complémentaires aux modélisations mécaniques, physiques, mathématiques car à d’autres échelles ouvrant la voie à de nouvelles approches originales pour la prédiction et l’optimisation. »  

Ainsi, l’optimisation des grands systèmes énergétiques utilise l’intelligence artificielle qui permet, à titre d’exemple, de réduire les problématiques d’intermittence au sein des fermes solaires. Elle rend capable les prévisions d’ensoleillement dans les 5 minutes à venir, ou le jour suivant. Grâce à cette optimisation permanente, la production globale d’énergie renouvelable est maximisée. 

Ecoconception et Ecoresponsabilité by design 

Le standard international ISO 14062 définit l’écoconception comme l’intégration de l’environnement dès la conception d’un produit ou service, et à toutes les étapes de son cycle de vie. La démarche peut s’étendre à la conception même d’un produit ou service dans une logique de développement durable. Elle est alors intégrée nativement à l’élément fini, par nature. 

De son côté, l’écoresponsabilité est un terme relativement générique permettant de classifier plusieurs typologies d’actions destinées à limiter les impacts sur l’environnement de l’activité quotidienne des entreprises. Pour limiter les empreintes, il revient à chaque entité de mettre en place une gestion nouvelle de ses actifs ou de réorganiser le travail de ses collaborateurs. Un terrain sur lequel la sensibilisation ou les techniques dites de “nudge” peuvent prendre leur place dans la transition écologique. 

Edge computing et IoT  

Le Edge computing représente des équipements d’infrastructures permettant de faire le lien entre le Cloud et les utilisateurs finaux. Cette logique répond à un besoin de facilitation de l’accès aux données parfois éloignées de l’utilisateur. La technologie améliore donc la vitesse des transferts, notamment des flux de données temps réel (audio, vidéo, etc..). 

Industrie 4.0 TechTalks transition écologique

Jonathan Rivalan, copilote du Groupe thématique 5G du CSF Infrastructures Numériques, explique : “Coté énergie l’Edge permet de faire de la rationalisation, d’optimiser les consommations au moyen de logiciels, en contrôlant la distribution des applications sur l’infrastructure. Il est désormais possible de contrôler l’allumage de l’infrastructure en fonction des besoins utilisateurs. On obtient ainsi un ensemble de points de calcul ou de stockage, allumés ou éteints en fonction des besoins.” 

Le besoin est patent dans la mesure où, à l’heure actuelle, les infrastructures numériques peuvent se révéler insuffisamment dimensionnées. Dans cette logique, l’IoT se présente le dernier maillon de la chaîne informatique à optimiser. Composé de drones, capteurs, sondes de température ou d’humidité, caméras de surveillance, badges d’accès, l’IoT peut générer des congestions, et perturber les usages. Les efforts d’orchestration actuels, visent à opérer le Cloud, l’Edge et l’IoT d’un seul tenant, afin d’optimiser globalement les consommations locales. 

L’Open source en relai de la transition écologique 

Le sujet de l’Open source est lié de près à celui de l’ouverture et de la dynamicité. Dans un monde dans lequel opère une galaxie de fournisseurs, d’opérateurs d’équipements physiques ou de services, le nœud central reste celui de la standardisation pour l’interopérabilité. 

Jonathan Rivalan, suppléant du Président du Hub Open source du pôle Systematic, explique : “L’Open source facilite l’opérabilité entre les acteurs du marché. Les standards technologiques définis au niveau international, sont proposés sous la forme d’outils open source. Cela facilite leur implémentation dans les produits et l’ouverture du marché à de nouveaux acteurs. Ainsi, un fournisseur d’infrastructures pourra équiper son matériel avec des solutions logicielles standardisées, connues par les éditeurs, plus à même de les utiliser.” 

À terme, chaque entreprise peut étudier et ajuster finement la consommation énergétique de son équipement logiciel open source, car son code est ouvert. Elle va alors se projeter vers un objectif de convergence et déployer des possibilités de rationalisation plus larges. 

La stratégie move-to-cloud 

A l’image du SaaS pour l’édition logicielle, le cloud permet une meilleure visibilité des assets numériques. Dans une logique de move-to-cloud plusieurs technologies ou méthodologies permettent une meilleure efficience du matériel ou des services. Le FinOps permet de limiter les dépenses liées au cloud en y apportant une gestion des ressources maitrisée. La pratique est pertinente dans la mesure où elle permet de limiter l’impact écologique de ces technologies. Une technologie résolument au service de la transition écologique.

Cloud Innovators TechTalks Numeum transition écologique

Les Micro-Applications se présentent comme des outils Web destinés aux utilisateurs finaux. Moins lourds que leurs cousines mobiles, ces éléments sont destinés à délivrer un service spécifique à l’internaute. Sans s’embarrasser de fonctionnalités superflues. Elles entrent ainsi dans une logique de sobriété numérique affirmée.  

Enfin, les API ou connecteurs se présentent comme des micro-services permettant de faire communiquer plusieurs produits entre eux. Et cela, sans même connaître les détails de leur mise en œuvre. Particulièrement légers, ces connecteurs simplifient le développement d’applications et connectent une infrastructure complexe via le développement d’outils cloud-native. 

L’informatique quantique au service de la transition écologique

Les technologies quantiques sont à l’orée de potentielles ruptures scientifiques et technologiques majeures. Elles auront des impacts sur l’ensemble de la société́, avec des retombées dans de nombreux domaines. Compte tenu des enjeux, en termes économiques et de souveraineté́, ces possibles ruptures sont l’objet d’une compétition mondiale impliquant à la fois les Etats et tous les géants du numérique. L’élément qui rend ce développement atypique est l’interaction sans précèdent entre recherche fondamentale, recherche technologique, dynamiques entrepreneuriales et industrielles. 

Transition écologique informatique quantique Photo by Jeremy Bezanger
L’informatique quantique au service de la transition écologique

Autre usage, le calcul quantique peut être utile aux prédictions météorologiques. En particulier lorsqu’il mêle calcul conventionnel et quantique tout en l’exécutant avec plusieurs algorithmes de machine learning. Ainsi, des modèles d’apprentissage machine basés sur des réseaux de neurones sont entraînés avec les données complètes de certaines régions. 

L’objectif est clair : déduire les éléments manquants de régions mal documentées. L’un d’entre eux, développé en 2016 au MIT et baptisé OPC (Offshore Precipitation Capability), permet par exemple de déduire une carte météo à partir de données incomplètes. Elles sont issues d’une vision satellite des nuages ou des impacts d’éclairs. 

Olivier Robillart