Désormais une tradition, le classement TOP 250 voit récompenser les éditeurs de logiciels les plus performants en France. A l’initiative de Numeum, l’événement permet de cartographier le secteur et d’établir les tendances lourdes du marché.
Comme à leur habitude, Numeum et EY mettent en lumière le marché des éditeurs de logiciels au travers de leur désormais traditionnel classement TOP 250. Premier constat pour l’année 2021, le modèle économique du domaine reste robuste. Le marché signe une croissance de son chiffre d’affaires de 10,2 % par rapport à 2020. A noter que seule l’activité d’édition de logiciels est prise en compte. Au total, ces entreprises comptabilisent 19,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur 2021. A titre de comparaison, 17,6 milliards avaient été réalisés en 2020 et 16,1 milliards en 2019.
Globalement, les experts confirment donc la très forte accélération du marché en 2021. Un mouvement qui avait déjà été ressenti l’an dernier. Aussi, les prévisions tablent sur une croissance constante en 2022. De bonnes perspectives dans la mesure où le modèle SaaS a démontré de très bonnes capacités de résilience en assurant une récurrence de revenus et de trésorerie aux éditeurs. Ainsi 45 % de leur chiffre d’affaires est réalisé via le SaaS. Un lien entre ce modèle et la croissance qui continuera d’être favorisé dans les années à venir.
Stanislas de Rémur, président du collège Editeurs et Plateformes de Numeum, explique : « les incertitudes liées à la sortie de la crise sanitaire n’ont pas fait barrage au dynamisme et à la performance de notre filière qui a su s’adapter et rebondir avec force. Même si aujourd’hui de nouveaux défis d’ampleur s’imposent à nous, tant en termes de recrutements, que dans la réussite de notre transformation RSE ou encore face aux incertitudes économiques ou géopolitiques actuelles, les éditeurs de logiciels apportent une nouvelle fois tous les gages nécessaires à l’établissement de la confiance en l’avenir. Avec plus de 6 800 emplois nets créés en 2021 chez les éditeurs pure player, une innovation puissante et un chiffre d’affaires en forte croissance, la filière est l’un des piliers sur lequel reposera la réussite de l’économie française dans son ensemble. »
Croissances et recrutements
La progression du secteur est donc générale. La croissance du chiffre d’affaires est même de 15 % (hors Top 3) alors qu’elle n’était que de 6 % en 2020. Les éditeurs réalisant plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires contribuent à hauteur de 77 % du panel alors qu’ils n’en représentent que 9 %. Toujours est-il que le secteur s’avère fortement résilient. Malgré la récente crise sanitaire liée au Covid-19, 79 % des entreprises sollicitées ont tout de même réalisé un bénéfice d’exploitation.
Côté recrutement, le volet demeure un moyen important pour les éditeurs de générer de la croissance. L’étude précise que les effectifs du secteur ont augmenté de 9 % en 2021 contre 5 %. Aussi, 88% des éditeurs prévoient d’augmenter leurs effectifs en 2022.
La RSE, au centre des attentions
La RSE représente un axe de développement et de transformation conséquent pour les entreprises. Ainsi, la responsabilité sociétale des entreprises est perçue comme un sujet prioritaire pour 71 % des éditeurs du panel. 62 % d’entre eux ont même initié une démarche RSE structurée.
Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable et Qualité, Sécurité, Environnement du groupe Bouygues pose le débat: « il va falloir modifier les modèles d’affaires et de société pour faire changer les choses. Le problème dans le numérique n’est pas celui de l’efficacité énergétique. La réponse réside en partie dans la sobriété. Elle permet de se donner des limites et des seuils que tout le monde doit se refuser à dépasser. »
Le responsable ajoute :« Il faut s’interroger sur la question de savoir si tous les outils numériques sont utiles au bien commun, de même il va falloir rationaliser l’utilisation de l’ensemble des devices. Enfin, comment aider les clients dans une logique IT for Green. Comment se mettre dans une trajectoire de décarbonation crédible ? Pour répondre à ces questions, il faut faire preuve de lucidité. Il va ainsi falloir rendre désirable un monde dans lequel chacun ira moins loin en vacances, achètera moins de produits électroniques. Cela s’appelle la lucidité tout en continuant de bien vivre. »
Le sujet demeure central pour les éditeurs. Fabrice Morel, Directeur délégué stratégie Achats à la SNCF explique : « notre feuille de route RSE se décline autour de 3 piliers, la décarbonation de la supply chain, la vigilance (assurer que les fournisseurs suivent bien la législation en vigueur) et l’ancrage territorial c’est-à-dire le fait de travailler avec des PME locales, sociales et solidaires. Pour avancer sur ces valeurs, nous avons pris le parti d’utiliser la contrainte au sein des appels d’offres afin d’isoler la RSE. On réserve ainsi 20 % de notre notation aux critères RSE pour les prendre en compte dans l’objet du marché. Il s’agit d’un puissant vecteur de changement culturel. A date, la moitié de nos dépenses entrent dans le scope de cette obligation de 20 %. »
Caroline Comet-Fraigneau, VP France d’OVH Cloud poursuit: « C’est notre responsabilité en tant qu’hébergeur d’assister les éditeurs. Nous devons ainsi donner de la visibilité aux éditeurs SaaS pour qu’ils puissent restituer les bonnes informations à leurs clients. OVH Cloud construit ses propres serveurs, cela permet de disposer de notre propre technologie de refroidissement en circuit fermé. Nous faisons donc œuvre de frugalité avec, par exemple, une très bonne efficacité dans notre usage de l’eau. Nous donnons également plusieurs vies à nos serveurs. Lorsque certaines entreprises n’ont pas de grands besoins de puissance, nous pouvons leur allouer des outils qui connaissent une deuxième, troisième voire quatrième vie. »
Laurence Medioni, Directrice RSE et transformation d’Ubitransport : « Depuis 2 ou 3 ans, nous constatons une croissance des clauses relatives à la RSE. Cela va continuer d’ici 2025. Au début, notre démarche était volontaire. Puis, nous avons senti le besoin de la cadrer avec une première feuille de route. Enfin, nous avons dressé en 2021 pas moins de 5 enjeux. Internes via la gouvernance et la transformation pour accueillir des cultures différentes. Et externes via le climat et l’environnement, la finance responsable, l’accessibilité sociale, les territoires et la mobilité. »
Les lauréats des trophées 2022 du TOP 250
Comme chaque année, Numeum remet des trophées aux entreprises lauréates au sein de plusieurs catégories type. Sont ainsi mis en avant l’innovation, la capacité de développement à l’international ou bien encore le SaaS. Pour cette nouvelle mouture, le TOP 250 voit donc récompenser 5 lauréats.
Dans la catégorie SaaS (Software as a Service), l’organisation met en avant Skeepers, une plateforme permettant aux e-commerçants de demander l’avis de leurs clients. Le trophée International est décerné à Equativ. La plateforme publicitaire numérique propose une suite de solutions à destination des éditeurs et des annonceurs. L’objectif est alors d’apporter une optimisation des campagnes publicitaires.
L’innovation au centre
La catégorie Innovation voit récompensée la société Tehtris. Celle qui a très récemment réalisé une levée de fonds de 44 millions d’euros est spécialisée dans la détection et la neutralisation des cyberattaques. L’innovation demeure en effet un facteur clé de succès. L’étude rapporte que 19 % du chiffre d’affaires des éditeurs est investi en recherche et développement.
Dans la catégorie Jeux vidéo, le TOP 250 récompense l’éditeur et distributeur Microids. Ce dernier propose ses services dans 27 pays au travers de licences connues dans le monde entier. L’entreprise annonce réaliser 80% du CA hors de France.
Enfin, le Prix du jury est décerné à Deepki. Cette dernière offre des solutions ESG alliant une plateforme SaaS collaborative et des services d’accompagnement et de conseil.
Le classement du TOP 250
Toujours est-il que Numeum publie son classement annuel des éditeurs de logiciels. On retrouve logiquement à sa tête Dassault Systèmes, suivi d’Ubisoft et de Criteo. Le TOP 250 couronne ensuite Sopra Steria, Cegid, Murex, Claranova, Infopro Digital, Cegedim et Docaposte.
Olivier Robillart