il y a 1 semaine -  - 7 minutes

Stratégie d’offre : intégrer et commercialiser l’IA générative, les facteurs clés de succès 

Intégrer l’intelligence artificielle générative (IAG) dans sa stratégie d’offre constitue, sans conteste, un facteur clé de succès pour une entreprise qui désire activer de nouveaux relais de croissance. Près d’un tiers des éditeurs de logiciels et ESN ont déjà intégré la technologie dans leurs offres avec des attentes précises et des résultats d’ores-et-déjà probants.  

Cet article est extrait du livre blanc « L’impact de l’intégration de l’IA générative dans l’offre des ESN/ICT et éditeurs de logiciels/plateformes » publié et édité par Numeum.

Il n’est pas de position plus évidente. Selon le baromètre de Numeum portant sur l’intégration de l’intelligence artificielle générative dans les offres des entreprises du numérique, près d’un tiers d’entre elles ont déjà franchi le pas. Pourtant, peu d’ouvrages, de livres blancs ou de notes abordent la chose concrètement. Que l’on parle de réductions des coûts de l’implémentation que la technologie entraîne ou de modifications qu’elles provoquent dans la relation avec ses clients, les exemples concrets existent. Bien présents et appelés à être ancrés dans le paysage et l’écosystème numérique et technologique. 

Le Web3, un moteur pour de nouveaux usages business TechTalks Photo by Clint Adair on Unsplash
Stratégie d’offre : intégrer et commercialiser l’IA générative, les facteurs clés de succès 

Les entreprises maîtrisent la technologie en y apportant les récentes couches technologiques nécessaires et sont prêtes à les proposer à leurs clients. Dans ce cadre, elles permettent de lever nombre de barrières à l’adoption de l’IAG. Le changement est donc de taille. Certains éditeurs ont modifié jusqu’à 75 % de leur propre offre alors qu’une grande partie des entreprises de l’écosystème du numérique ont déjà transformé entre 50 et 75 % des outils proposés à leurs clients.  

De nombreux leviers

En somme, éditeurs et ESN/ICT améliorent de manière certaine leur proposition de valeur car la technologie permet d’entrer dans des cycles de décision nouveaux. Voilà plusieurs mois encore, la question du traitement de l’intelligence artificielle, y compris générative, était majoritairement traitée par les équipes dotées d’un bagage technique certain. A présent, les membres de la Direction d’une entreprise sont sensibilisés à l’importance de la technologie et aux gains qu’elle peut irrémédiablement engendrer. 

A tous points, la technologie permet donc d’enclencher de nombreux leviers. Emmanuel Carjat, Directeur général d’Antemeta, explique : “En interne, l’intelligence artificielle générative nous permet de répondre plus rapidement aux appels d’offres proposés. Il est alors possible d’engager une véritable accélération de nos réponses car ces appels d’offre sont pleinement normés. Il est également possible d’utiliser la technologie dans une partie des réponses formulées aux clients. Certains questionnements peuvent apparaître, de prime abord, interminables, non-standardisés. Mais ils se recoupent souvent et se ressemblent pour beaucoup. Nous proposons donc une IAG qui va répondre aux questionnaires de réponse et y intégrer des éléments nouveaux. Il est possible de générer une trame de réponses aux appels d’offres tout en générant rapidement une première réponse satisfaisante”. 

Cette intégration n’est, en somme, que la partie émergée de l’iceberg. L’entreprise spécialiste des services cloud et managés réfléchit dès à présent à la manière d’embarquer de nouveaux services ayant recours à des serveurs dotés de puces Nvidia, plus à même de gérer les requêtes d’IA générative. Toujours est-il que des environnements de cloud privés avec des GPU dédiés peuvent d’ores-et-déjà être proposés. Enfin, sur la partie purement servicielle, les entreprises du numérique interviennent chez leurs clients afin de leur fournir des solutions permettant de mettre en œuvre la technologie sur site.  

Des projets réussis 

Pour ces clients, l’impact est, bien souvent, direct même si nombre d’entreprises appartenant au SBF 120 disposaient déjà d’un projet lié à l’IA avant la démocratisation de sa partie dite “générative”. La dénomination était alors toute autre et couvrait le champ du machine learning. “Toutefois, certaines catégories d’entreprises, comme les Entreprises de Tailles Intermédiaire (ETI), n’étaient pas présentes dans ce marché. Avec des outils comme ChatGPT et bien d’autres, nous avons été en mesure de nouer des conversations pérennes avec elles”, ajoute Emmanuel Carjat. 

Photo de Jon Tyson sur Unsplash intelligence artificielle générative GenAI Numeum TechTalks intelligence artificielle DSI IA explicable travail hybride
Stratégie d’offre : intégrer et commercialiser l’IA générative, les facteurs clés de succès.

De l’aveu de l’ensemble des experts, l’IAG permet une amélioration des processus globaux. La dernière enquête de Numeum portant sur le sujet précise que 40 % des entreprises ont amélioré ce volet via la technologie. C’est pourquoi certaines Entreprises de Services Numériques, au-delà de leurs activités classiques liées aux services, intègrent la technologie au sein de leur activité d’édition de logiciels. Sopra Steria, par exemple, a commencé des premières expérimentations sur le sujet dès 2022 avec des outils de type ChatGPT livrés principalement aux mains des équipes de développeurs. Puis dès le second trimestre 2023, des projets internes ont été lancés afin de déterminer si l’usage faisait sens ou non. Après de nouvelles expérimentations, une montée en régime a été décidée en 2024 pour gagner notamment du temps de développement. 

Une amélioration des process globaux

Yann Gloriau, Directeur technique de Sopra Steria France en charge du déploiement de l ‘IA pour le software engineering, explique : “Dans les premiers temps, malgré une forte adoption, nous sentions des réactions plutôt équilibrées chez les développeurs. L’un des premiers outils, centré sur l’autocomplétion, fut une source de crispation. Parce que cassant le flot de développement, cassant la réflexion, demandant de s’arrêter, de reprendre… L’outil peut être pénible dans son usage. Puis la mise à disposition de l’IA sous forme de chat dans l’environnement de développement a permis aux développeurs de reprendre la main sur l’interaction qu’ils avaient avec l’IA. Désormais le constat est simple. Si on gagne ne serait-ce que 5 ou 10 % de temps de développement, nous validons l’approche”.  

Malgré ces évidences, les experts constatent la montée en puissance de plusieurs effets de bords. Le premier d’entre eux est sans conteste la réaction de clients qui demandent à baisser les prix de la prestation ou du produit fini. De leur côté, les éditeurs constatent un gain de vélocité ainsi qu’un gain qualitatif pour produire du code propre, testé et testable. En somme, la qualité augmente sans forcément diminuer le coût global de la tâche.  

Des effets de bords  

Autre effet de bord constaté en matière d’édition tourne autour des licences GPLv3. “Nous avons toujours en perspective la notion de licence et de propriété intellectuelle. Il nous parait important que le code utilisé pour l’entrainement permette cet usage et ne mette pas en péril les modèles l’ayant exploité ainsi que les codes produits par ces modèles. Dès les premières expérimentations, des filtres permettant d’éviter ces cas de figures ont été mis en œuvre”, explique Yann Gloriau. 

Photo de Markus Spiske sur Unsplash GenAI IA IAG Numeum TechTalks stratégie d'offre
Stratégie d’offre : intégrer et commercialiser l’IA générative, les facteurs clés de succès.

En d’autres termes, les gains de vélocité acquis par les entreprises du numérique se traduisent par des gains qualitatifs dans la mesure où le développeur dispose d’une posture nouvelle. Il est davantage en capacité de relire son code, de faire du test unitaire, de produire une documentation plus complète. Alors que, les entreprises utilisatrices commencent à dégager de nouveaux gains de maturité, l’intelligence artificielle générative (IAG) commence à faire partie d’un dû. 

Un marché pas encore mature

Aussi, de l’avis de tous, le marché n’est pas encore totalement mature. Pour nombre de clients, le sujet est surtout de comprendre l’utilité de l’intelligence artificielle générative. Jacques Pommeraud, Président-directeur général d’Inetum, explique : “Sur le volet offre, reste encore un véritable sujet d ‘acculturation et d ‘accompagnement. Actuellement, cela nous permet d ‘ouvrir des portes chez les clients qui ne se trouvent pas déjà dans une phase d’adoption. En considérant donc le volet d ‘offre dans sa globalité, le sujet est assez clé en ce moment dans le marché français”. 

Toujours du côté des effets de bord, l’entreprise constate également de premiers désenchantements. Certains clients ont adopté rapidement la technologie et éprouvent à présent des difficultés pour reporter cet investissement sur leurs rapports financiers. Les grandes entreprises en particulier, ont recours à des ESN afin de les aider à aller chercher l’impact de l’implémentation de l’IAG sur leur Profit and Loss (P&L). 

La technologie fait donc baisser les coûts pour les clients. Mais elle génère aussi des parts de marché, moyennant une baisse des prix. Il s’agit, in fine, d’un partage de valeur pour les clients et fournisseurs de services. Isabelle Lamaison Donato, Directrice Innovation France d’Inetum et administratrice de Numeum, explique : “Ces dernières années, les clients étaient intéressés par l’intelligence artificielle mais pas encore captifs. Désormais, beaucoup sont devenus captifs et on rencontre de nombreux usages dans la gestion documentaire, le knowledge management… Mais ces derniers mois, le marché est passé de centaines de cas d’usages à une volonté d’aller sur des usages à forte valeur ajoutée.”   

Evidemment, il convient de qualifier et prioriser ces usages pour cadrer les entreprises avec un prisme métier. Et ainsi de commercialiser de manière pertinente l’intelligence artificielle générative. 

Commercialiser l’IA générative   

Cette commercialisation se révèle être un volet majeur pour améliorer sa stratégie d’offre. Isabelle Lamaison Donato, explique comment une ESN propose ce partage de valeur : “nous disposons d’équipes consulting qui, avec une orientation enjeux stratégique et business, apportent la vision métier. En travaillant avec nos experts des assurances, des collectivités, par exemple, nous apportons aux clients notre pertinence métier qui couplée à notre expertise sur la GenAI permet d’identifier des usages clé éligibles à l’utilisation de la GenAI”. 

Les éditeurs de logiciels tout comme les ESN sont en mesure de proposer des solutions moins chères. Et cela dans un temps réduit avec une qualité de résultat inatteignable voilà plusieurs années. L’enquête réalisée par Numeum sur ce sujet indique d’ailleurs que 85 % des répondants proposent déjà des outils ou services intégrant l’IAG

Vers des résultats rapides

Les entreprises utilisatrices entendent, de leur côté, obtenir des résultats rapides tout en étant accompagnées sur le choix des technologies. En conséquence, la demande des clients est forcément circonstanciée. Ce qui peut avoir pour effet de modifier le rapport de force avec le fournisseur de logiciel ou de services. 

Franck Lefevre, CEO de l’ESN K1 et délégué régional Normandie de Numeum, explique : “les ESN conservent toute leur place en vendant du conseil auprès d’entreprises qui ont besoin, qui ne disposent pas des ressources internes pour aller loin sur les sujets technologiques relatifs à l’intelligence artificielle. Mais la prise d’autonomie dans la pratique est très rapide, très efficace, et permet de se passer d’une énorme partie de la notion de conseil. A terme, il est possible que la technologie soit extrêmement destructrice de valeur sur la capacité des ESN à faire des profits.” 

En somme, l’intelligence artificielle ne permet pas de génération de valeur sur le long terme. Le responsable poursuit : “l’intérêt est actuellement d’aider les entreprises à se décomplexer sur le sujet.” Et d’ainsi aider à une adoption généralisée de l’intelligence artificielle, y compris générative.

Cet article est extrait du livre blanc « L’impact de l’intégration de l’IA générative dans l’offre des ESN/ICT et éditeurs de logiciels/plateformes » publié et édité par Numeum.

Olivier Robillart