Le salon Santexpo réunit les entreprises du numérique en santé. Occasion de rencontrer les professionnels du secteur qui œuvrent à rendre les soins plus proches des patients, grâce aux outils et services numériques.
Santexpo 2023 fait salle comble. A l’occasion de ce rendez-vous des professionnels de santé, les experts du secteur font montre d’innovations dans l’optique de rendre le numérique accessible à tous. Un point capital dans la mesure où les applications santé se multiplient chez les offreurs de soins. Que ce soit au moyen de « mon espace santé » ou des plateformes de données de santé, le volume de données de santé augmente ostensiblement.
De leur côté, les entreprises du numériques, ESN ou éditeurs de logiciels et services saisissent cette opportunité pour adresser les usages dont la médecine moderne a besoin. Dans ce cadre, l’utilisation des données constitue un véritable carburant pour fournir aux praticiens et aux patients de moyens de mieux soigner. Mais également de mieux comprendre les parcours de santé de chacun.
Invité lors d’une table ronde à Santexpo, le Dr Gilles Bontemps, Directeur de missions de la CNAM explique : « En matière de pilotage par la donnée de santé, nous dressons deux constats. La France dispose d’une solide base de données du fait de son régime assurantiel obligatoire. Nous disposons de données non seulement exhaustives mais également centralisées. Le problème réside dans le fait que ces données sont encore trop peu utilisées. Ou très majoritairement à des fins administratives. Le système actuel réside sur des visions capacitaires de hôpitaux et non pas sur une utilisation propre de la donnée. »
Le pilotage par la donnée doit alors permettre de restituer les informations pertinentes auprès des professionnels de santé et ainsi leur apporter une plus-value. Afin, par exemple qu’ils se comparent sur une base la plus objective possible.
Améliorer la santé collective
Dans l’optique d’améliorer la santé collective, les informations doivent donc être rendues davantage accessibles aux entreprises du numérique. Un point que souligne Alexandre Le Guilcher, Directeur innovation d’Evolucare et adhérent de Numeum. Il précise : « Nous développons de nouvelles approches permettant une meilleure prise en charge des patients dans une logique de médecine personnalisée. Un patient peut désormais s’exprimer, répondre à des questions via une application afin de livrer une information pertinente au médecin. En matière d’utilisation secondaire des données, des équipes médicales d’établissements de santé peuvent se saisir de ces dernières pour améliorer la santé globale des patients, en particulier sur des problèmes comme le diabète et le dépistage des risques concernant la vue. »
En effet, certains outils numériques actuels utilisant l’intelligence artificielle se basent sur près de 800 000 photos de rétines. Ils peuvent ainsi aider les professionnels au diagnostic de problèmes pouvant survenir.
Des propos relayés par Nesrine Benyahia CEO de Dr Data. Elle explique : « L’accès aux données est certes possible mais peut s’avérer très long. Les entreprises ont besoin d’avoir des données de qualité, structurées, dans un temps raisonnable. Certaines entreprises françaises ont dû aller prendre des données aux USA pour modeler leur système alors que leur algorithme était déjà prêt. Cet état de fait peut s’avérer très frustrant pour un entrepreneur car cela ralentit le développement de nouveaux outils. Une autre question concerne le manque d’un modèle économique viable du fait des règles strictes en matière de revente de données. »
La santé populationnelle au cœur de Santexpo
De son côté, Gérard Raymond, Président de France Assos Santé explique : « Jusqu’à il y a encore peu de temps, le patient n’avait jamais été réellement associé à la numérisation de la santé. Depuis 2019, une nouvelle stratégie est en cours. Elle est positive avec des traductions comme « Mon espace santé ». Il s’agit à présent de donner du sens au recueil de données et de faire comprendre que le retour collectif est positif pour tous. »
Dès lors, tous les éléments convergent vers le même point. Pour que le numérique en santé se développe, il est nécessaire qu’une filière industrielle forte puisse se constituer. Celle-ci peut alors être à même de nourrir un écosystème entier, de développer des leviers de croissance nouveaux et de répondre aux attentes de la commande publique. Une vision partagée par nombre de professionnels et experts du numérique en santé.
En effet, le concept de santé populationnelle s’organise autour de plusieurs objectifs. Il contribue tout d’abord à améliorer l’état de santé de la population, l’expérience patient/citoyen, au meilleur coût pour la société. La mise en œuvre permet de mettre en perspective un territoire et sa population, décloisonner les acteurs, prendre le virage de la prévention et améliorer l’efficience des organisations. Il s’agit donc d’accompagner la transformation systémique de notre système de santé.
Pour aller plus loin, la rédaction vous conseille le livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du numérique en santé. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030.
Olivier Robillart