Alors que plusieurs indicateurs économiques témoignent qu’une récession économique devrait survenir dans un avenir proche, les entreprises numériques s’attendent à conserver le cap. Représentées par Numeum, les ESN, éditeurs de logiciels et ICT projettent une latence positive sur l’ensemble de 2022.
La dernière étude en date réalisée par Numeum avec PAC, group Teknowlogy, est éclairante sur ce que sera le développement économique des entreprises du numérique. Elle indique que les ESN, ICT et éditeurs de logiciels ont maintenu leur croissance dans la période successive à la crise sanitaire liée au Covid-19. Preuve de la robustesse de l’ensemble de l’écosystème, elles anticipent une croissance de l’ordre de 7,4 % sur l’année 2022 (contre 6,3 % en 2021).
Malgré un contexte sanitaire et politique difficile, la pérennité de la croissance des entreprises du numérique demeure donc établie. Les éditeurs et plateformes cloud s’attendent à croitre de 11,3 %, les ESN de 5 % et les sociétés de conseil en technologie de 6,9 %. Chaque marché signe une progression notable au regard de la période 2020/2021.
Benoit Darde, Administrateur de Numeum (Wavestone) explique : « le secteur va connaître une latence positive sur l’ensemble de l’année 2022. D’autant que l’écosystème dispose de ressources et devrait générer une croissance nouvelle au cours des prochains semestres. Le contexte géopolitique actuel impacte l’activité de nos entreprises. Les sondés expliquent d’ailleurs, pour 52 % d’entre eux, que la conjoncture mondiale aura un effet sur leur business. Cet effet sera modéré voire fort pour 80% des répondants. Des effets potentiellement néfastes sont donc à anticiper sur les années à venir. »
Une « hyper demande » de produits et services numériques
Les entreprises du numérique pourraient ainsi tenir le choc d’une récession économique dans la mesure où leurs outils et services demeurent essentiels à la compétitivité des acteurs. Les experts constatent ainsi que l’hyper demande en termes de compétences et de produits numériques devrait permettre aux volumes d’achats de demeurer conséquents. Notamment au vu des besoins de pilotage et de transformation numérique en cours.
Ces changements devraient être portés par une hausse des budgets IT puisque 51% des DSI déclarent que leur budget lié augmentera cette année. D’autant que les challenges à venir sont majeurs. La sécurisation du système d’informations sera pour 62 % d’entre eux le centre de préoccupation majeur. Suivent ensuite l’amélioration de l’expérience client (55 %), le besoin d’analyser finement les données (47 %). Suit enfin la prise en compte de la décarbonation (45 %).
Toujours est-il que 84 % des entreprises du numérique s’attendent à réaliser une croissance dans le semestre à venir. Dans le détail, « les ESN vont s’appuyer sur 5 leviers de croissance que sont la transformation numérique, le cloud, le big data, la cybersécurité et les services IoT« , détaille Hubert Giraud, Président du collège ESN et ICT de Numeum (Altran – Capgemini Group). Là encore, le propulseur principal du secteur est à trouver du côté des Cloud verticalisés, de la généralisation des approches containers, du DevOps ou bien encore de l’infra as a code.
IaaS, PaaS et SaaS tirent les éditeurs vers le haut
En ce qui concerne les éditeurs de logiciels, la confiance demeure. Stanislas de Rémur, Président du Collège Editeurs de logiciel et plateformes (Oodrive) commente : « les verticales Iaas, Paas et Saas, tirent la croissance vers le haut. 2022 poursuit une bonne dynamique et les prévisions indiquent que la très grande majorité de éditeurs resteront en croissance. Cela reflète a quel point le secteur a eu raison de décider de se transformer. Les grands projets de transformation du On-Premise vers le SaaS ont débuté en 2010 alors que cela entrainait des couts supplémentaires. Mais les résultats sont bel et bien là. »
Dans le détail, le SaaS constitue la source de croissance actuelle. Mais aussi une réserve pour l’avenir. 55 % des nouveaux clients optent directement pour des outils utilisant ce mode.
Enfin, concernant les ICT, les voyants demeurent au vert. Charles Mauclair (Groupe SII), explique : « les taux d’occupation et la croissance de la commande se sont maintenus. Ce sont des indicateurs puissants permettant de déterminer la rentabilité des entreprises du secteur. D’autant que de forts leviers de croissance sont à l’œuvre comme la demande autour de la modélisation des actifs (jumeaux numériques), de la data, de l’IA et surtout de la cybersécurité. Beaucoup d’entreprises veulent à présent tester des choses nouvelles et les installer dans leur SI« .
Le manque de talents freine la croissance
Outre les craintes liées à la récession économique, le secteur fait face à une véritable pénurie de personnel et de talents. Les trois secteurs précités indiquent que leur croissance pourrait être plus conséquente s’ils disposaient des personnels nécessaires. Pour 61 % des sondés le manque de talent est le principal écueil qu’ils rencontrent. Suit le manque d’opportunités commerciale (loin derrière à 28 %). Et le relatif freinage des projets IT en 2021 (15 %).
Le secteur peut pourtant se targuer d’avoir créé pas moins de 34 000 emplois net en 2021. Un record depuis 2000. Et ce, malgré une récession économique que les économistes voient déjà poindre.
Olivier Robillart