Les derniers mois ont été particulièrement pesants pour la filière numérique. Si une partie des éditeurs craignent de voir leurs revenus diminuer sur une échéance plus ou moins longue, des solutions pérennes existent néanmoins. C’est pourquoi TECH IN France et Syntec Numérique dressent pas moins de 75 propositions avec de relancer rapidement l’écosystème.
Comment les éditeurs de logiciels et plus généralement l’ensemble de l’écosystème tech sort de cette crise liée au Covid-19 ? Le questionnement est pertinent dans la mesure où nombre d’entre eux ont tourné leur modèle économique davantage vers le SaaS. Dans un contexte d’accélération de la transformation numérique, la crise a démontré une fois encore le besoin pour les professionnels de disposer de solutions numériques robustes. Pour les éditeurs, elle a montré combien l’anticipation doit être mise au centre des préoccupations.
Le constat est en effet prégnant. Selon une étude conduite par TECH IN France, 38% des éditeurs de logiciels ont reçu des demandes de renégociation de contrats de la part de leurs clients. La même source précise que 35% des demandes d’interruption pèsent sur les nouvelles affaires. Le constat est donc évident. Au global, les entreprises anticipent une baisse de 12% de leur chiffre d’affaires total au 1er semestre 2020. Une baisse continue puisqu’elle s’échelonne à 13% au 2ème semestre. La principale baisse touche les revenus liés aux nouveaux contrats.
Pour réduire leurs difficultés de trésorerie, plus de la moitié des éditeurs concerné ont procédé à des reports de charges. De même, ils sont près de 46% à avoir recouru au prêt bancaire garanti par l’Etat. Enfin, 38% ont demandé une avance sur le crédit impôt recherche. Pour autant, il est possible de mettre en œuvre de nombreuses mesures dans l’optique de procéder à une relance rapide du secteur.
75 propositions pour la relance du monde d’après
Dans ce contexte, TECH IN France, épaulé par Syntec Numérique formule des propositions auprès du Gouvernement. L’objectif est de relancer la croissance du numérique. Ce sont pas moins de 75 recommandations présentées auprès de l’exécutif suite à une sollicitation de la Direction Générale des Entreprises (DGE). Il s’agit donc de dresser un véritable diagnostic de l’impact de la crise et de présenter des mesures organisant une relance économique dont l’un des piliers s’avère être la transformation numérique.
Pierre-Marie Lehucher, Président de TECH IN France explique : « La crise sanitaire a montré que notre économie et nos entreprises étaient moins résilientes et moins flexibles que celles d’autres nations qui s’appuient sur une digitalisation plus avancée. La fracture numérique a aussi révélé ses effets délétères sur notre capacité à maintenir le lien social et éducatif en temps de crise sanitaire, notamment avec les plus fragiles. Le numérique doit absolument être au centre du plan de relance qui sera donc guidé par des investissements publics susceptibles de nous faire changer d’échelle en matière de transformation numérique. »
La période est en effet charnière. Selon les organisations professionnelles, près des trois-quarts des entreprises numérique considèrent que leur pérennité serait en jeu si l’économie ne retrouvait pas son rythme d’avant la crise. Et ce dans un horizon de 6 mois seulement. Un choc par la relance est donc nécessaire.
Dans le détail, les mesures proposent de soutenir le financement et la trésorerie des professionnels. Cela permet in fine d’assurer l’effectivité des prêts de trésorerie garantis par l’Etat-PGE. En mettant par exemple en place des dispositifs facilitant l’instruction des demandes par les banques. Cette mesure peut ainsi s’accompagner de la mise en place d’outils de financement gérés à 100% par BPI France. Cela permettrait de soutenir les entreprises disposant de fondamentaux technologiques et business.
Dans le même temps, des mesures fiscales peuvent permettre de soutenir les entreprises innovantes. Cela passe par la généralisation du remboursement anticipé du crédit d’impôt recherche pour toutes les créances de CIR. Ou bien encore par l’adaptation du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI). Idem pour l’aménagement de la fiscalité sur la production ou des règles fiscales liées à l’impôt sur les sociétés….
Pour sa part, Godefroy de Bentzmann, Président de Syntec Numérique explique : « Le numérique a prouvé qu’il assurait un service essentiel en permettant à notre société d’être résiliente. Et pourtant, nos entreprises ont été durement frappées par cette crise, comme tous les secteurs. Un seul enseignement alors : nous devons accélérer encore la transformation numérique de l’économie ! Nous devons accompagner les entreprises, les collectivités, les industries, comme les professionnels de santé ou de l’éducation. Et bien sûr les individus qui s’engagent dans cette démarche, parce que le monde d’après sera encore plus numérique. Nous comptons sur le Gouvernement pour faire du numérique le cœur du plan de relance à venir ».
Vers une accélération de la transformation numérique
La crise liée au contexte sanitaire du Covid-19 a été le signe de nécessité d’accélérer la transformation digitale de l’ensemble de l’économie. Cela permet non seulement de la faire progresser mais également de garantir sa résilience. Il est donc nécessaire que le Gouvernement comprenne que cette transformation numérique puisse être accélérée rapidement par des mesures diverses.
Cela passe, selon TECH IN France et Syntec Numérique, naturellement par un plan d’investissement massif dans les technologies. Le numérique apparaît comme un atout sur lequel s’appuyer pour garantir la continuité de l’activité économique en cas de crise.
Toujours est-il que cette transformation passe obligatoirement par une transformation numérique accélérée de l’administration et de l’Etat. Ces derniers doivent permettre de favoriser la transition des PME. Cela passe par le fait d’encourager le renforcement de la cybersécurité des entreprises ou par l’adoption de nouveaux outils.
Il s’agit donc véritablement, pour TECH IN France et le Syntec Numérique, de mettre en œuvre de nouvelles mesures. L’objectif étant que l’économie, tout du moins numérique, bénéficie de davantage d’agilité. Cela permettrait à de nombreux secteurs en pointe d’émerger d’autant plus. Au rang desquels on compte les secteurs de la santé, de l’éducation ou même de la distribution. Autant de domaines dont la transformation numérique peut apporter beaucoup en termes de croissance et de résilience de l’économie globale.
Les 7 blocs de propositions
- Instaurer une autorité interministérielle du Pacte pour le numérique.
- Étendre le dispositif de suramortissement fiscal numérique à toutes les entreprises et à tous les projets de modernisation numérique, pour les investissements réalisés sur la période 2020-2022, et créer un crédit d’impôt pour la transformation numérique.
- Cibler les investissements publics et privés dans le numérique en fonction de critères d’indépendance stratégique, de sobriété numérique, de résilience et de protection.
- Refondre le rationnel de l’activité partielle afin de doter ce dispositif de crise de la capacité à préserver l’activité en même temps que l’emploi.
- Soutenir l’emploi des jeunes diplômés, renforcer la formation et promouvoir la mixité.
- Développer des actifs numériques stratégiques afin de réduire la dépendance technologique de l’Union européenne et renforcer la confiance dans le cyberespace.
- Inventer les nouvelles formes de travail.
Olivier Robillart