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Numeum Tour de Nantes : L’IA va t’elle remplacer les développeurs ?

A l’occasion du Numeum Tour de Nantes 2024, l’organisation professionnelle organise un débat portant sur l’essor de l’intelligence artificielle, y compris générative. Professionnels et experts réfléchissent à l’impact réel de la technologie sur les process de développement.

Alors que l’intelligence artificielle générative se développe, nombre d’entreprises s’interrogent quant à l’impact de l’intégration de la technologie dans leurs process. Mais également au sein même de leurs équipes. C’est pourquoi les professionnels du secteur du numérique ont tenu un débat lors du Numeum Tour de Nantes sur ce sujet d’actualité.

Le secteur du numérique demeure certes en croissance, notamment en Pays de Loire poussé par des leviers de croissance comme le Cloud, le Big data, la cybersécurité, l’intelligence artificielle ou bien encore le numérique responsable. A ce titre, la région peut s’enorgueillir de totaliser pas moins de 38 000 emplois dans le numérique (en progression de 2,6 % par rapport à 2022). Malgré ce bon état général, des tensions subsistent sur les ressources dans un contexte d’atonie du marché. « Ces tensions demeurent fortes sur les ressources liées aux attentes salariales, à l’internalisation des projets par les clients ou par le passage de collaborateurs vers le statut d’indépendants, via le portage salarial ou le recours aux freelances » , explique Xavier Maire, Délégué régional Pays de Loire de Numeum et dirigeant de Kanoma.

Numeum Tour de Nantes 2024 TechTalks

Afin de répondre à ces problématiques, plusieurs initiatives sont conduites. L’initiative Numeric Emploi par exemple a pour objectif de répondre aux besoins propres aux secteurs du numérique mais également à ceux de l’écosystème. L’ambition est, pour la région, d’accompagner 350 demandeurs d’emploi en 2024/2025 en partant des besoins des entreprises. Dans ce cadre, une démarche propre a vocation à « attirer, féminiser, former, recruter inclusif et fidéliser » afin d’élargir le socle des entreprises ayant recours aux dispositifs d’accompagnement.

IA ou IA pas : l’IA va t-elle remplacer les développeurs ?

L’idée générale étant alors d’identifier les métiers en tension, de mener une réflexion sur la définition des métiers du numérique et de décrypter les parcours menant à ces emplois. Dans cette même optique, l’une des solutions est d’encourage les reconversions de femmes dans le numérique en agissant sur l’attractivité par l’offre afin qu’une entreprise mette en œuvre une démarche, une offre structurée, « marketable » de recrutements de femmes en reconversion.

Numeum Tour de Nantes 2024 TechTalks

Alors que les tensions sont bel et bien présentes, les professionnels et experts réunis au Numeum Tour de Nantes échangent à propos du rôle de l’intelligence artificielle. Y compris l’IA dite générative. L’idée étant de démystifier l’impact réel de la technologie sur le métier même de développeur. Et d’expliquer en quoi, cette dernière ne remplacera pas les personnes du métier.

Des développeurs plus que nécessaires

Yann Gloriau, Directeur Technique France de Sopra Steria, explique : « Dans les faits, le temps réel de codage d’un développeur dans une journée n’est que de 25 %. Le volume de code produit par tête oscille aux alentours de 50 lignes par jour. Le reste du temps est occupé par des tâches de réflexion comme savoir où ajouter une optimisation, comprendre le code… » Les développeurs sont donc plus que nécessaires, l’IA se trouvant être un outil dans leur travail quotidien.

Des propos repris par Patrick Nedelec, Directeur Technique Services Publics de Sopra Steria. Le responsable explique : « L’IA peut aider les juniors à libérer du temps au Tech lead, en le sollicitant moins. La technologie va également accélérer la montée en compétence et aider à comprendre une partie du code que l’on récupère. En somme l’IA est un outil qui génère du contenu, il faut que ce soit utilisé comme tel. Les IA n’ont pas de connaissance réelle même si elles connaissent beaucoup de suites logiques de mots. Elles ne raisonnent pas par elles-mêmes. »

Un recul nécessaire

Alors que l’usage de la technologie tend à se démocratiser, il devient donc naturel de développer une forme de recul par rapport à cet essor. Céline Anas, Directrice des Ressources Humaines du groupe Asys, explique : « Dès le stade de junior, les collaborateurs doivent disposer d’un recul sur ce qui est réellement fait par la technologie. L’éducation peut donc avoir un apport conséquent en la matière. L’IA générative doit être vue comme un outil pour gagner du temps de réflexion mais pas être utilisée pour obtenir un produit clé en main. »

Des propos soulignés par Colin de la Higuera, titulaire d’une chaire Unesco Ressources Educatives Libres et IA à l’Université de Nantes. Il explique : « Coté éducation, le côté super outil est un enjeu. Mais il faut que cela reste un outil. L’IA ne doit pas glisser vers la notion d’agent, de copilote, de jumeau… Il faut donc rappeler que les gens sont responsables de ce qu’ils font. Quand bien même ils utilisent un outil qui propose des réponses à leur place. Ils ne doivent pas pouvoir se retrancher derrière la responsabilité de l’outil en cas de faute. Nous sommes co-coupables en somme.« 

En adoptant ces positions, il est donc possible de dégager des perspectives positives de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Guillaume Leprince, Solution Manager Data & IA du Groupe SII, explique : « Nous développons l’idée de citizen développer. Il s’agit de faire en sorte qu’une personne qui ne code pas puisse développer des outils numérique, grâce à l’IA. Cette utilisation de la technologie est intéressante dans la mesure où elle développe une réelle perspective positive. »

Olivier Robillart