Qu’il s’agisse de start-ups ou de grands comptes, la mixité entre hommes et femmes n’est pas encore acquise. Dans la Tech B2B, même si de nombreux efforts sont fournis, le chemin demeure encore complexe. Même à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Le constat est objectif. Que ce soit dans les industries technologiques ou dans le domaine scientifique, la proportion de femmes demeure faible dans les effectifs. L’ensemble des baromètres témoignent en effet du manque d’égalité, sinon de mixité, au sein des équipes. Parmi les constats les plus flagrants figure sans conteste la faible place laissée au CEO féminines au sein de grands groupes.
Selon des données assemblées par l’ONU, au niveau mondial, seulement 2,9% des grandes entreprises mondiales sont dirigées par des femmes. En France, l’index égalité femmes-hommes permet de quantifier ce manque. L’objectif de la mesure issue de la loi « Avenir professionnel » de 5 septembre 2018 est ainsi de supprimer les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes dans les entreprises.
Cet index, obligatoire pour les entreprises entre 50 et plus de 1 000 salariés, est alors publié chaque année. Il témoigne de l’évolution de la mixité au sein du personnel professionnel. Il s’applique au secteur privé (entreprises, associations et syndicats), aux EPI et EPA. En ce qui concerne le secteur du logiciel B2B, certaines entreprises font figure d’exemple.
C’est le cas par exemple de Dassault Systèmes, qui avec un indice de 86 en 2019, figurait déjà parmi les entreprises françaises les mieux placées en la matière. Cette année, le leader de la simulation logicielle témoigne d’un indice de 95 points sur 100 à l’index égalité femme homme. Une évolution forte voulue par l’ensemble de l’entreprise.
En 2020, le comité exécutif opérationnel du groupe était ainsi constitué de 11 membres, dont 5 femmes. Au 31 décembre 2019, 24 % des salariés étaient des femmes, représentant 20% des managers (+ 3% versus 2017). A ce titre, Dassault Systèmes se place en 11e position du palmarès de la féminisation des instances dirigeantes de l’index SBF 120.
Des larges efforts restent à conduire
En absence de prise de conscience collective sur le sujet, des effets de bords peuvent se constater. Parmi les mouvements à l’œuvre, figure le fait que certaines femmes peuvent être tentées d’abandonner leurs postes à responsabilité. En particulier face aux écueils qu’elles peuvent rencontrer.
Aux Etats-Unis, ce mouvement de démission de personnes présentes à la tête d’organisations s’appelle « opting out ». Un mouvement encore souterrain en France mais mis en lumière par certains ouvrages. Notamment par celui de l’ancienne avocate d’affaires Céline Alix « Merci, mais non merci, comment les femmes redessinent la réussite sociale » aux éditions Payot.
Face à ce mouvement, plusieurs dirigeants et dirigeantes de grandes entreprises se sont à nouveau engagés pour promouvoir la parité. Ils s’engagent à briser le plafond de verre présent à l’heure actuelle. Les ministres Agnès Pannier-Runacher et Marlène Schiappa cosignent la tribune. Pas moins de 41 dirigeants et dirigeantes se fixent des quotas de femmes dans les postes de pouvoir. L’ambition est d’atteindre « à l’horizon 2027, voire 2030, un minimum de 30% de femmes dans les 10% de postes à plus forte responsabilité des entreprises du SBF120 à l’échelle du groupe ». L’objectif est également de programmer une « une augmentation minimale de 2% par an du taux de femmes parmi les cadres ».
Malgré ces vœux, le constat demeure complexe à l’heure actuelle. Seulement 21% des équipes fondatrices de start-up comportant au moins une femme. Si ce taux a augmenté de 4 points en une année, la représentation demeure encore trop faible.
Interrogé par Les Echos, Cédric O, secrétaire d’Etat en charge du Numérique témoigne. « L’inertie est forte sur le sujet, et il n’y a pas de formule magique, analyse. Dans l’accompagnement que nous réservons aux membres du Next 40 et du French Tech 120, nous avons exigé des actions en ce sens et nous maintiendrons la pression », explique-t-il. Objectif est donc de pouvoir mettre en avant de nouvelles incitations pour garantir la mixité hommes-femmes au sein des entreprises. Un pari patent en somme.
Olivier Robillart