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Medintechs : le numérique au soutien de l’innovation

santé Numeum Techtalks Roman Kraft via Unsplash e-santé

santé Numeum Techtalks Roman Kraft via Unsplash e-santé

Pour sa deuxième édition, le salon Medintechs a permis de réunir experts et professionnels du secteur du numérique en santé. L’objectif a été d’aborder les mutations en cours dans le domaine, liées à une forte demande en termes de recrutement.

Le secteur de la santé est irrémédiablement appelé à connaître de nombreux développements dans les prochaines années. Un cadre dans lequel le numérique se déploie totalement pour permettre au système de santé de fonctionner de manière plus pérenne. C’est donc au cœur du salon Medintechs que les professionnels du numérique en santé ont pu aborder ce que sera le système de soins de demain.

Arnault Billy, Président de la Commission Santé de Numeum et Senior Vice President, Strategic Development de Cegedim, explique : « Quand on parle de santé, il faut rappeler qu’à ce jour près d’un million de personnes en France souffre d’une maladie chronique. 16 millions de personnes sont considérées comme des personnes âgées, et une personne sur cinq est susceptible d’être atteinte par des problématiques de santé mentale, et le handicap concerne 15 millions de personnes. Le numérique en santé concerne donc tout le monde dans la mesure où il permet de mieux suivre l’ensemble de ces patients. Le numérique peut accompagner ces personnes sur les territoires aussi bien sur le terrain de la prévention avec des modèles qui permettent de garder la population en bonne santé. »

Le responsable poursuit : « la santé populationnelle concerne le moyen, les consignes donnés aux citoyens pour qu’il demeurent en bonne santé. Il s’agit donc de prévenir la survenance de symptômes grâce à la data, l’intelligence artificielle et d’autres outils numérique. Et cela, pour avoir un meilleur parcours pour les patients. »

L’innovation au service de la santé

Parmi les innovations régulièrement citées, l’intelligence artificielle et la robotique constituent des sources d’espoirs pour toutes les personnes qui auraient besoin d’être « réparées ». Toutefois, l’ajout d’éléments informatiques ou mécaniques dans le corps humain soulèves de nombreuses, et naturelles, interrogations. En effet, si le port de prothèses pour se lever quand on est paralysé ou pour décupler ses forces dans les tâches pénibles est jugé positivement, les recherches destinées à restaurer la vision devront être surveillées si elles impliquent un contrôle de l’activité de certains neurones. Un sujet abordé de plain-pied au salon Medintechs.

Serge Picaud, Directeur de l’Institut de la Vision, précise : « Une étude récente a été conduite dans le but d’implanter des électrodes dans un cortex visuel afin que des patients malvoyants puissent reconnaître des lettres. Mais le problème demeure qu’au bout d’un certain temps, les implants perdent leur activité et deviennent plus viables. Le sujet des implants n’est donc pas totalement bouclé. Il ne faut certes pas brider la science mais poursuivre le développement des technologies. »

Un sujet qui va naturellement de pair avec la prise en compte de paramètres éthiques. Anne Cambon-Thomsen, Directrice de recherche émérite CNRS, au CERPOP (Centre d’épidémiologie et de recherche en santé des populations), Unité mixte Inserm et Université Toulouse 3, explique : « Le sujet est éminemment éthique. Actuellement, l’Europe agit pour faire ressortir ces aspects éthiques qui émergent des régulations sur la santé. Je pense tout particulièrement aux travaux conduits en ce moment sur le génome. »

Des propos également soulignés à Medintechs par Franck Le Ouay, co-fondateur et CEO de Lifen : « La révolution de la santé numérique est bel et bien présente. Elle nait au croisement de l’émergence de nouveaux services rendus aux patients et aux soignants et d’une extension permanente du domaine de la donnée. »

Le numérique, réel soutien au système de santé

Dès lors, il convient de rappeler que le numérique peut naturellement intervenir en soutien du système de santé. Pascal Bécache, Cofondateur Digital Pharma Lab et Vice-Président de la commission Santé de Numeum précise : « le numérique offre des solutions pour améliorer les parcours de soin. Le digital répond ainsi à plusieurs enjeux. je pense par exemple à la soutenabilité financière, l’équité d’accès aux soins ainsi que la multiplication et la diversification des offres.« 

Des propos soutenus par Guillaume Mercusot, Head Of Development & Innovation de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest. Il explique : « il convient de faire émerger les usages pour construire des projets qui répondent au besoins. Cela implique de sourcer les usages vers les industriels, les start-ups… Nous apportons, de notre côté, l’expertise médicale. C’est pourquoi nous avons démarré des plateformes pour recueillir les effets indésirables des traitements précoces. L’enjeu est simple, le numérique permet d’élaborer des traitements et un suivi hors les murs. Il permet de suivre le patient plus facilement car nous avons besoin de rester connecté à lui. »

De son côté, Marguerite Cazeneuve, Directrice déléguée de l’Assurance Maladie (CNAM) rappelle que l’ensemble du système fonctionne dans une logique de contrainte financière. L’organisme précise que le numérique pourrait donner une meilleure latitude et une forme d’abondance à condition de « placer correctement le curseur« . Elle ajoute : « La télésurveillance permet un service médical rendu plus évident. Plus on va restreindre le champ des patients, plus une solution va être pertinente. Il est alors possible de l’intégrer auprès de nouveaux acteurs. Il faut donc adopter le bon équilibre. Nous investissons beaucoup d’argent sur le numérique, au moyen de véritables paris sur l’avenir. La télésurveillance est ici un bon exemple. »

De nombreuses réussites

Dès à présent, de nouvelles pratiques du parcours de soins autorisent de nouveaux usages soutenus par l’innovation numérique. Emmanuelle Kuhnmunch, Directrice des Affaires Publiques de Medtronic explique : « D’un point de vue industriel on en est qu’au début du numérique en santé. Ce segment est toutefois porteur de défi et d’innovations futures. Désormais, le défi majeur est d’accélérer l’accès au marché de ces innovations. L’enjeu est donc de dégager une capacité à amener rapidement nos innovations sur le marché. Mais il est primordial de ne pas évaluer ces dispositifs médicaux avec les mêmes règles que celles du médicament. Il ne faut donc pas regarder uniquement l’impact clinique alors que ces éléments emportent un impact organisationnel, et que soit pris en compte le spécificités de ces DM. »

L’un des enjeux clés de la transformation de notre système de santé repose donc sur la collaboration active des professionnels de santé autour de leurs patients. Les tendances observées depuis 2021 montrent que cette collaboration s’installe de plus en plus sur les territoires. A condition de proposer les bons outils.

Le Docteur Nemanja Milenkovic, Directeur médical de Cegedim Santé, explique : « Notre objectif est de faire gagner du temps aux professionnels de santé. Nous équipons donc les praticiens médicaux et paramédicaux, via des outils ergonomiques et qui correspondent à leurs besoins. C’est pourquoi l’interopérabilité entre les logiciels est clé. Car elle alimente les dossiers patients de manière dynamique. »

Recruter pour travailler à la santé de demain

Pour poursuivre son développement, les entreprises spécialisées dans le numérique en santé ont un besoin fort en termes de recrutement. Franck Toufaili, vice-président de la Commission Santé de Numeum, présent à MedinTechs, explique : « Les métiers du numérique en santé sont nombreux. Chacun se portent au service des patients. Ils sont nombreux et donc pluriels. »

Franck Toufaili, vice-président de la Commission Santé de Numeum, et Céline Amblot-Féral, DRH de Softway Medical au salon Medintechs 2023.

Cette édition du salon Medintechs est également le moyen pour les entreprises de recruter et ainsi dénicher de nouveaux talents. Céline Amblot-Féral, DRH de Softway Medical, prévoit sur l’année 2023 d’embaucher pas moins de 36 développeurs, 12 ingénieurs infra, 35 consultants, 4 ingénieurs d’affaires ainsi que 15 profils techniques pour les supports fonctionnels. Elle précise : « Nous avons recruté 195 personnes l’an dernier. Un chiffre qui se situe encore loin de nos objectifs. Alors même que notre entreprise est à la fois éditeur de logiciels, hébergeur de données et intégrateur sur un large périmètre fonctionnel autour de technologies avancées. Nous faisons en sorte que le système de soins soit plus performant grâce au logiciel, on cherche à inspirer la e-santé. c’est pourquoi nos collaborateurs disposent d’un espace qui leur permet d’innover et de travailler à la santé de demain. »

Olivier Robillart

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