Quels sont les besoins en termes de compétences pour développer la filière de l’informatique quantique en France et en Europe ? Alors que les métiers du quantique sont de plus en plus recherchés, les formations doivent encore se développer.
Les besoins en termes de compétences et de formation dans le domaine de la technologie quantique sont connus. Un rapport présenté par l’Opiiec publié en janvier 2024, en collaboration avec Numeum, formulait déjà une partie des solutions à envisager pour développer la filière en France.
Outils formidables de soutien aux supercalculateurs, machines pour se charger d’une partie des calculs intensifs futurs, les ordinateurs quantiques disposent d’une roadmap conséquente. Ces derniers utilisent des phénomènes propres à la mécanique quantique. Et se désolidarisent donc des technologies proprement numériques (à base de 0 et de 1) pour réaliser des calculs jugés trop complexes pour un ordinateur classique.
Selon les experts, la seconde vague ou révolution du quantique est à l’œuvre. Des usages dans l’infiniment petit se voient déjà au sein des laboratoires spécialisés, souvent dans des cadres expérimentaux. Le marché est donc encore émergent. Mais des secteurs commencent à réaliser certaines exploitations. En particulier dans la finance, la défense, l’énergie et la chimie ou bien encore l’aérospatial.
Un écosystème naissant
A l’heure actuelle, l’écosystème français dans le secteur ne concerne environ que 3 000 personnes, dont environ 900 opèrent dans le numérique. Les entreprises et start-ups spécialisées sont impliquées dans la fabrication d’équipements quantiques en vue d’une industrialisation. Elles emploient majoritairement des ingénieurs de recherche et de conception. Les métiers du quantique concernent aussi les entreprises de conseil et d’intégration. Là encore, des développeurs d’outils et d’application, des consultants et des chefs de projets sont majoritairement concernés.
Ainsi, les emplois sont majoritairement concentrés dans les entreprises quantiques spécialisées dans la conception et la fabrication d’équipements. Ces métiers sont donc bien souvent existants mais nécessitent des compétences transverses. La plupart des personnes qui travaillent dans le quantique ont des profils qui viennent de la recherche spécialisée. Ils ont ensuite acquis des compétences complémentaires pour bien comprendre l’écosystème dans lequel ils se trouvent.
Les besoins en recrutement vont donc dépendre de la capacité à atteindre l’avantage quantique. L’avantage quantique désigne le moment où un ordinateur quantique est en mesure de faire aussi bien ou mieux que les supercalculateurs actuels (en termes de temps de calcul, de consommation énergétique, de qualité des résultats ou encore de coût financier). Les ordinateurs quantiques visent en effet à répondre aux limites des ordinateurs « classiques ».
Une fois atteint, les embauches seront donc plus conséquentes. « L’avantage quantique » n’est donc pas encore d’actualité et ne représente qu’un des scénarii envisageables.
Près de 2 000 recrutements d’ici 3 à 5 ans
Dans un horizon proche, les experts considèrent que 2 000 recrutements auront lieu. Pour aller plus loin, tout dépend de l’état d’avancement de la technologie et des scénarios envisageables. Dans le meilleur des cas, 16 000 emplois pourraient être créés en France d’ici 2030 (selon des chiffres issus de la stratégie nationale du quantique). Toujours est-il que l’offre de formation existe déjà. Pour autant, ces dernières sont relativement récentes. Le secteur de la formation initiale « se prépare » donc à la montée de la technologie.
Le premier domaine dans lequel les entreprises, même non expertes du sujet, vont investir est la cryptographie post-quantique. Dans certains scénarios, si la technologie se développe, le domaine de la cybersécurité pourrait être rebattu. Second domaine clé, l’algorithmie quantique a permis de faire des progrès dans le domaine classique. Enfin, les solutions hybrides ont le vent en poupe. Il s’agit de solutions qui intégreront une partie de la technologie à l’informatique classique.
Olivier Robillart