Au cœur de la transformation de la société et de l’économie depuis plusieurs décennies, le numérique est un accélérateur de la transition écologique. Levier de réduction de l’impact environnemental de nombreuses activités humaines, il permet de piloter la maîtrise des consommations en énergie et les émissions de carbone dans un grand nombre de secteurs. Et cela, dans une logique Green IT affirmée.
Mais c’est aussi un émetteur de gaz à effet de serre important (4 % des émissions mondiales en 2020, avec une trajectoire de croissance d’environ 8 % par an). Les technologies numériques se doivent donc d’être responsables. C’est le double défi : « Green IT / IT for Green ».
Vers un IT de plus en plus green
Maîtriser l’empreinte environnementale du numérique nécessite la mobilisation de tous les acteurs. Utilisateurs, commanditaires et chefs de projets doivent intégrer cette dimension dans les critères de décision de lancement de nouveaux projets informatiques. Maîtriser le parc matériel, réduire les émissions des datacenters et développer un code le moins énergivore possible sont une priorité. Fournisseurs de logiciels et de matériels doivent modifier leur approche en matière d’obsolescence programmée. Quant au législateur, il doit définir les règles permettant d’imposer l’exigence environnementale, soutenir l’innovation numérique, sans concurrence nuisible pour les entreprises françaises et européennes.
Autant d’enjeux sur lesquels Enedis est fortement mobilisée. Convaincue de l’urgence à agir pour réduire son empreinte carbone et celle de ses partenaires et clients. Signataires de la charte de l’Institut du Numérique Responsable (INR), nous déclinons notre engagement au double niveau du SI existant et de chaque projet IT, via notre plan d’actions « numérique responsable ». L’ajout de critères RSE dans l’ensemble de notre activité IT nous inscrit dans une trajectoire cible plus engageante.
Mais cette démarche conduit nécessairement à se poser des questions, parfois paradoxales. Est-ce pertinent de développer des projets de transition écologique ? Quitte à rejeter davantage de GES dans un premier temps afin d’en émettre moins demain ? Comment effectuer une comptabilité carbone juste en l’absence d’outil de mesure correct ? Comment prendre une décision responsable, au bon niveau et de façon pragmatique ? Et cela, sans complexifier outre mesure la charge de travail des porteurs de projets. En ce domaine, il n’y a donc pas de réponse simple ou solitaire. C’est bien l’enjeu de toute une filière que nous partageons avec nos amis et homologues membres du CIGREF.
IT for Green
Gérer l’électricité d’un pays en 2022 est un métier hautement numérique tant l’électricité est répartie et nécessite d’être pilotée. Les données sont partout. Chez les clients particuliers, chez les professionnels, avec les fournisseurs d’électricité, dans les organes du réseau électrique lui-même. Opérateur de données, et en tant que service public, Enedis est un acteur de la réduction de l’empreinte carbone de son activité. Il est aussi moteur en la matière pour un large écosystème, notamment industriel, en France.
Aujourd’hui, l’une des pierres angulaires de la transition écologique réside dans l’objet connecté le plus diffusé en France. 34 millions de compteurs communicants Linky sont installés à fin 2021, en ligne avec les objectifs définis par le régulateur.
Une réduction de 70 % du nombre d’interventions
Nous estimons le gain du compteur communicant Linky en France à 180 kt d’équivalent CO2 annuels (c’est-à-dire près d’1 milliard de km en voiture, soit 23 000 fois le tour de la terre en voiture). Ils sont attribuables majoritairement à la réduction des déplacements personnels et professionnels. Mais également grâce à l’amélioration de la gestion du réseau (gains sur les pertes). En effet, la réduction de 70 % du nombre d’interventions chez les clients grâce aux télé-opérations Linky et l’amélioration de la détection des pannes et de la prédictibilité des opérations de maintenance permettent de réduire significativement les émissions directes et indirectes d’Enedis. Nous poursuivons par ailleurs l’accompagnement de nos fournisseurs et prestataires.
Progressivement, les différents organes du réseau de distribution de l’électricité sont équipés. Et cela, afin d’optimiser les opérations de maintenance ou les interventions. Grâce aux données de réseau disponibles et à leur pilotage, il devient possible de mieux utiliser l’énergie renouvelable pour réduire l’empreinte carbone de l’entreprise. Des groupes électrogènes zéro émission pourront par exemple être alimentés par de l’énergie renouvelable locale (mais également des piles à combustible, des batteries…). Un exploit rendu possible grâce à la gestion des données de production et les capacités de pilotage locales.
Cette flexibilité, rendue possible par la disponibilité et l’utilisation des données (dans le strict respect de leur confidentialité), est une clé de la transition écologique. Et in fine de la réduction de l’empreinte carbone. Le numérique est ainsi au cœur du service public augmenté qu’Enedis entend offrir à ses clients. Et cela, pour un impact positif sur la planète, les femmes et les hommes et la collectivité.
Cette tribune a été rédigée par Jean-Claude Laroche, DSI d‘Enedis.