Dans l’optique d’aborder les sujets majeurs autour de l’intelligence artificielle, l’AI France Summit accueille entreprises et spécialistes. Un rendez-vous majeur pour dresser le constat des potentialités de l’écosystème national en la matière.
L’intelligence artificielle n’est pas un buzzword, loin s’en faut. La technologie permet de servir les intérêts des entreprises et d’être immergé dans les process business. Plus en aval, l’IA est à présent au service du mieux vivre au travers d’applications dédiées. Elle peut repenser la cité ainsi que les services aux publics. Mais aussi s’adapter à l’industrie et aux services du futur. Elle ouvre des opportunités de croissance pour les entreprises en France.
L’IA innerve en effet l’ensemble des secteurs d’activité qu’elle touche. A titre d’exemple, la dernière étude conduite par l’AICPA (Association Internationale des Comptables Professionnels Agréés) indique que l’apport de la technologie contribue à la croissance du chiffre d’affaires des personnes interrogées (700 responsables financiers interrogés de par le monde). L’enquête démontre ainsi que 46% des responsables détenant des compétences numériques voient une augmentation de leur CA. Contre 29% de ceux qui ne sont pas familiers de ces technologies.
Un constat que partage Pierre-Marie Lehucher, PDG de Berger-Levrault et président de TECH IN France . Le responsable précise : « Le cycle de maturité de la première vague de l’IA s’est accéléré et les usages potentiels se sont démultipliés. Aujourd’hui toutes les entreprises considèrent que l’IA recèle un potentiel inédit de création de nouveaux services. Il appartient désormais à toutes les entreprises de s’emparer de l’IA sans attendre afin de bénéficier des opportunités naissantes. Nous sommes tous capables de comprendre que l’IA peut rebattre les cartes dans bien des domaines. Il suffit d’observer les bouleversements des dernières années pour saisir que la valeur réside plus dans l’usage que dans la technologie ».
Un apport conséquent
L’apport est donc conséquent tant par les portes technologiques qu’elle ouvre que par les résultats qu’elle procure. Une position que soutient Jean-Sébastien Mariez, Associé / Partner au cabinet De Gaulle, Fleurance et Associés. Il explique : « Les enjeux sont naturellement économique mais également relatifs à la valorisation des données et des investissements associés. Lors du lancement d’un projet utilisant l’IA, deux objets doivent retenir l’attention de l’entreprise dans le cadre de sa relation avec un éventuel fournisseur d’IA : le module résultant d’un apprentissage algorithmique et les données brutes qui ont permis son développement. Le contrat doit être adapté selon les modalités convenues entre les parties quant à la répartition des droits, l’exploitation future et la valorisation de ces éléments ».
Face à ce constat évident, environ un millier de professionnels du secteur ont choisi de se réunir le 19 février prochain à l’occasion de l’AI France Summit. Un événement organisé par TECH IN France. L’organisme rassemble plus de 350 entreprises numériques et du logiciel, le CGET et de la Direction Générale des Entreprises (DGE). L’idée de ce rendez-vous est simple : aborder l’éventail des possibles.
L’intelligence artificielle n’est pas un Far-West juridique
A l’heure actuelle, les potentialités que permet l’IA sont encore relativement méconnues. Un constat établi en partie à cause des interrogations portant sur la partie juridique et réglementaire de la technologie. Pourtant, de nombreux points ont été successivement levés au fil des années. Quand bien même la prise de conscience sur le sujet est relativement récente.
Dans ce cadre, le Rapport France IA remis au Président Hollande en mars 2017 soulignait déjà que l’environnement législatif et réglementaire actuel permet d’appréhender de manière satisfaisante une partie importante des questions juridiques auxquelles les entreprises innovantes doivent répondre afin d’exploiter le potentiel de l’IA, tout en sécurisant leurs investissements et en respectant le droit des tiers.
Quid des voitures autonomes ?
Malgré ce premier apport, nombreuses sont les nouvelles questions à apparaître. Jean-Sébastien Mariez précise : « En ce qui concerne les voitures autonomes, leur mise en circulation nécessite une révision de la loi de 1985 sur les véhicules terrestres à moteur. En particulier en ce qui concerne la notion de conducteur qui est amenée à évoluer ou disparaître. Les questions éthiques liées à la responsabilité de ces véhicules doivent parvenir à un consensus continental ou international. De même, le déploiement d’applications de reconnaissance faciale, qui plus est par la puissance publique, appelle à davantage de vigilance. En particulier lorsque que les libertés publiques peuvent être directement mises en cause ».
Pas de vide juridique
Pour autant, le spécialiste insiste sur le fait que le vide juridique n’existe pas en matière d’intelligence artificielle en France. C’est pourquoi les cabinets anticipent les évolutions réglementaires à venir afin d’assurer la meilleure prévisibilité et la sécurité juridique. A terme, de nouvelles clarifications sous la forme de lignes directrices ou autres instruments de soft law devraient donc naître de ces avancées techniques et technologiques.
L’enjeu est de taille. D’autant que les outils maniant l’AI vont généralement de pair avec l’utilisation et la protection des données personnelles. De fait, le RGPD prévoit des éléments de réponse. Comme par exemple, la possibilité d’exploiter les données pour des finalités compatibles ou encore, la base légale de l’intérêt légitime. L’ensemble des éléments convergent donc vers une utilisation rentable et raisonnée des algorithmes d’intelligence artificielle. L’idée est de faire de la France une nation forte sur le terrain des innovations majeures.
Olivier Robillart