Pour sa quatrième édition, le GreenTech Forum rassemble à nouveau les professionnels du numérique. Organisé par le collectif Planet Tech’Care, dont Numeum fait partie intégrante, l’événement met en avant les bonnes pratiques des entreprises du numérique en matière de numérique responsable.
A nouveau, le GreenTech Forum est au cœur des préoccupations des entreprises et professionnels du numérique. Pour sa quatrième édition, l’événement organisé par Planet Tech’Care, dont Numeum fait partie, adresse les solutions permettant de mettre en équilibre l’utilisation des solutions numériques avec la limitation de l’empreinte carbone et le développement d’outils durables.
Selon les experts, le numérique représente à ce jour environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un chiffre qui pourrait atteindre 5,5 % d’ici 2025. C’est dans ce cadre que le GreenTech Forum s’inscrit dans une démarche visant à réduire l’empreinte carbone du numérique tout en renforçant l’innovation responsable.
Une vision soulignée par Véronique Torner, Présidente de Numeum. Elle explique : « Le numérique doit être responsable et s’inscrire dans une trajectoire d’impact positif social, sociétal et environnemental. Le progrès ne peut pas se résumer au seul volet économique et je défends une approche holistique dans laquelle l’utilisation du numérique doit être pharmacologique. Il convient donc de penser aux effets secondaires de son usage en prenant compte la notion de potion et de poison de la technologie. »
Faciliter le jeu collectif
Ainsi, le jeu collectif permet d’éclairer les personnes non expertes du sujet. « C’est dans cet esprit que nous avons créé Planet Tech’Care« , ajoute Véronique Torner. A présent, le secteur de la Green Tech s’est structuré et affiche une belle croissance en termes de création d’emplois, selon des chiffres rapportés par Numeum. L’idée est donc de valoriser les initiatives afin de décupler les énergies en la matière.
L’un des enjeux majeurs est donc de concilier croissance économique et réduction de l’empreinte écologique. C’est pourquoi le GreenTech Forum met en lumière des initiatives novatrices visant à réduire la consommation énergétique et à allonger la durée de vie des équipements numériques.
L’ambition de Planet Tech’Care est ainsi de fédérer l’ensemble des acteurs/écosystèmes qui travaillent sur le numérique et environnement, aussi bien dans la dimension GreenIT que IT for Green. L’initiative reste ouverte à tous, gratuite et pilotée par le programme Numérique Responsable de Numeum. A ce jour, le programme rassemble plus de 1 050 signataires et 65 associations partenaires ou ambassadrices.
Le numérique au cœur des solutions pour l’environnement
Lors du salon GreenTech Forum, les entreprises du numérique sont convaincues de l’importance de lier numérique et préservation de l’environnement. Gilles Mezari, Administrateur et Président de la Commission environnement de Numeum, explique : « Une grande majorité des entreprises que l’on interroge prévoient d’intensifier leurs actions dans le domaine du numérique responsable. C’est notamment dans ce cadre que l’action de Numeum prend toute son importance. Notre programme lié au numérique responsable est fondé sur 3 piliers que sont l’inclusion, la confiance et l’environnement« .
Des propos soulignés par Laure de la Raudière, Présidente de l’Arcep. Elle explique : « Le numérique est le laboratoire des pratiques responsables de demain. L’objectif est de faire du numérique un numérique responsable. Après le temps de la prise de conscience vient le temps de l’action collective : de nombreuses initiatives, de nombreuses associations de nombreuses entreprises, aident leurs clients à réduire les impacts de leurs infrastructures IT. De plus en plus d’entreprises facilitent le reconditionnement, la réparation de matériel. D’autres proposent des téléphones très facilement réparables pour en accroitre la durée de vie. Certaines sont dans cette salle et se reconnaitront. Ce sont des pistes prometteuses, tant tous ces éléments sont interdépendants. J’aimerais évoquer une autre piste avec vous, aujourd’hui, puisqu’elle permet d’agir sur l’ensemble des composants et équipements de la chaîne de valeur du numérique : l’écoconception des services. »
De son côté, Sylvain Waserman, Président de l’Ademe, ajoute : « Nous nous situons à l’heure actuelle à un moment charnière. Le numérique et la transition écologique sont des domaines dans lesquels toutes les collectivités doivent agir. Il donc logique de nous trouver au point de convergence de nombreux acteurs économiques. Nous ne sommes pas là pour combattre l’IT mais pour faire en sorte que le numérique soit davantage responsable. L’ensemble des acteurs du numérique prennent conscience de ces enjeux car cette approche responsable leur permet de se différencier sur les marchés. Dès l’année prochaine, l’ensemble des appels d’offres présents sur les marchés publics disposeront d’une clause liée au numérique responsable. L’enjeu est donc de taille« .
De bonnes pratiques diffusées en Europe
La France n’est pas la seule à agir dans le domaine du numérique responsable. Certains pays situés en Europe ou géographiquement proches de la zone sont actifs en la matière malgré des contextes souvent différents. En Grande-Bretagne par exemple, la problématique principale tourne autour de la production d’énergie propre. Weronika Dorociak, Programme Manager, Sustainability pour techUK, explique : « De nombreuses centrales vont devoir arrêter leur activité d’ici 2029, il va donc être nécessaire de produire de l’énergie de manière modulaire pour alimenter les data centers. L’idée est donc d’introduire des standards en termes de sustainability pour que certaines exigences soient implémentées par défaut dans les prochaines installations.«
« Nous avançons également sur le terrain de la transparence car certaines entreprises affichent encore des productions totalement décarbonées alors que ce n’est pas envisageable en Grande-Bretagne. Le principe étant d’éviter toute tentative de greenwashing« , ajoute la responsable.
Une vision claire
En ce qui concerne la France, la situation est quelque peu différente. Clément Emine, Policy Manager de Numeum, explique : « La France dispose d’un mix énergétique peu carboné. Sur le plan politique, depuis 2022 le Gouvernement a lancé « la planification écologique ». Aussi, depuis 2022 le Gouvernement a lancé une initiative permettant de donner une vision claire des objectifs à atteindre en termes écologiques. Ce volet est capital pour les entreprises car cela leur offre une vision claire de l’avenir et leur permet de planifier leurs activités en conséquence« .
Aussi, des entités telles que l’Arcep et l’Ademe développent des expertises en publiant chaque année des rapports sur l’empreinte carbone du numérique (Data centers, industrie logicielle…) pour mesurer l’empreinte environnementale de l’activité du numérique. Autant d’éléments qui permettent de développer une réelle vision prospective.
De son côté, le Technology Industries of Finland (représentant 1800 entreprises) indique que le pays a déjà beaucoup œuvré en la matière. Henrique Laitenberger, Head of EU Affairs, explique : « La Finlande a une position plutôt enviable. 93 % de notre énergie produite est décarbonée. La green transformation a été engagée depuis plusieurs années. Nous développons à présent l’ambition d’être totalement neutres au niveau de la consommation et de la production énergétique. » Une action qui sera, là encore, principalement dirigée vers les data centers. Ces derniers consommant 5 % de l’énergie du pays, selon des chiffres du Technology Industries of Finland.
Optimiser le numérique
Pour les entreprises, les solutions permettant de réduire l’empreinte du numérique existent. Qu’il s’agisse d’éco-conception, de mesurer la consommation au niveau du code source, les optimisations des systèmes d’information existent. Justine Bonnot, CEO de WedoLow, précise : « Certains de nos clients nous contactent pour des questions relatives à leur empreinte environnementale. Mais leurs problématiques tournent souvent autour de l’optimisation et de l’amélioration des ressources et des performances« .
Dans ce cadre, l’intelligence artificielle doit se faire une place dans une entreprise, tout en demeurant frugale. En effet, la sobriété numérique et la gestion des ressources nécessaires à l’intelligence artificielle (IA) occupent une place centrale. Alors que l’empreinte carbone de l’IA ne cesse de croître, les entreprises tentent de trouver des solutions pour limiter son impact.
Thomas Jacobsen, Porte-parole d’Infomaniak, explique : « l’énergie en suisse est 100 % renouvelable. Nos data centers doivent donc permettre de la réutiliser facilement. Notre nouveau data center est installé en sous-sol, dans une zone résidentielle. Il est ainsi connecté à un réseau de chaleur de ville. L’énergie électrique convertie en chaleur est connectée à des pompes à chaleur du réseau du Grand Genève. Ensuite, ces pompes rejettent du froid, lequel va être reversé dans nos data centers pour les refroidir. » L’hébergeur a donc développé un datacenter capable de revaloriser la totalité de l’énergie générée pour alimenter les réseaux de chauffage urbain. Cette structuration permet ainsi une réduction de 35 % à 40 % de l’empreinte carbone par rapport aux solutions classiques.
La France, une locomotive de l’IA et de la donnée
Florent Martin, Chef du bureau « Innovation data/IA » au Commissariat Général au Développement Durable, ajoute : « nous tentons de promouvoir des solutions innovantes en faveur de la transition écologique. Il y a une partie dédiée à l’IA orientée vers l’utilisation de la technologie pour l’environnement. Nous travaillons également à réduire impact écologique de l’IA en proposant des bonnes pratiques via un révérenciel général pour une IA frugale, une norme Afnor spec. Cela permet de poser de premiers jalons pour la suite.«
La France doit donc être une locomotive de IA. C’est dans ce cadre que Numeum organise avec le Medef un tour de France de l’IA. Autour de 20 dates, le principe est de saisir les potentialités de la technologie. Et cela, en préambule du sommet mondial de l’IA qui aura lieu les 10 et 11 février 2025.
Enfin, la donnée numérique se trouve au cœur de toute stratégie responsable. Un terrain sur lequel, là encore, l’Europe a saisi les opportunités pour l’avenir. Jawaher Allala, Fondatrice-Présidente de Systnaps, explique : « la règlementation n’est pas une contrainte mais un levier. Dans une société basée sur le risque, il est devenu obligatoire de mettre des contrôles comme ce fut le cas lors de la mise en place du RGPD. Mais le point important à retenir est que l’Europe a compris que la data représente une manne. La donnée doit circuler sinon il n’y aura ni valeur, ni construction des modèles économiques de demain. »
Olivier Robillart