Plus de 150 000 personnes seront recrutées d’ici 2027 en France dans le numérique. Un nombre conséquent qui doit permettre aux entreprises du secteur d’éviter une pénurie des talents. A condition de faire naître et de nourrir les compétences. Un point sur lesquels les volets Formation et Education au numérique s’avèrent clés.
Pour éviter une pénurie de talents dans le secteur du numérique, il convient de former les plus jeunes aux métiers de demain. Un enjeu de taille alors même que le sujet doit être abordé par les candidats à l‘élection présidentielle 2022. Un point pris au sérieux par Numeum, l’organisation professionnelle représentative des acteurs du numérique.
Une grande majorité des entreprises du numérique se rejoignent sur un constat partagé. Celui du manque de compétences et de talents, à mesure que le secteur poursuit sa croissance forte et pérenne. Numeum propose ainsi de diversifier les talents dans les métiers du numérique. L’idée est de bâtir une grande école du numérique par des moyens simples.
Il s’agit de donner davantage de moyens aux acteurs du secteur œuvrant pour l’insertion professionnelle des publics les plus éloignés de l’emploi. Pour y parvenir, il convient d’adapter le parcours de formation au niveau des compétences attendues par les entreprises du secteur.
Présidentielle 2022 : objectif, former aux métiers de demain
Formation et Education sont des thèmes clés en vue de l’élection présidentielle. Godefroy de Bentzmannn, co-président de Numeum confirme la tendance. Il explique : « Numeum aide les entreprises à se transformer. Nous entendons qu’adhérent à notre organisation des entreprises embarquées dans la transformation numérique et qui sont en recherche active de compétences dédiées. Nous dépensons beaucoup d’énergie sur ce sujet et nous souhaitons que d’autres collectifs en fassent autant à propos des volets Formation et Education.«
Le responsable poursuit : « L’enjeu est résolument celui d’une transition collective. Il convient de sensibiliser les candidats à l’élection présidentielle à propos, par exemple, de l’importance d’avoir une culture scientifique idoine et de conserver des cours de mathématiques dans le tronc commun des enseignements. Le Gouvernement s’est saisi de cette question, nous ne sommes désormais plus les seuls à crier dans le désert sur ces sujets. »
L’organisation conduit à ce titre plusieurs initiatives destinées à rendre le numérique plus accessible à tous. Le programme P-TECH permet, par exemple, à des lycées techniques d’accueillir des entreprises privées pour les épauler dans la formation de jeunes aux futurs métiers numériques de demain. Il permet ainsi aux entreprises de développer leur croissance et de passer à l’échelle.
Formation et Education : comment développer les potentiels
L’enjeu se situe donc résolument sur les terrains de la formation et des compétences. Pour inclure l’ensemble de la population dans ces évolutions permanentes, des actions sont conduites conjointement entre acteurs du numérique et le secteur public. C’est le cas par exemple du dispositif Numéric’Emploi Grand Est (NEGE).
Claire Coudy, Directrice Générale Adjointe Développement et Valorisation des Potentiels, Région Grand Est confirme que la région accompagne les acteurs du territoire sur le sujet. Elle explique : « Grâce à un partenariat signé depuis plusieurs années avec Numeum, nous accompagnons les publics vers les emplois du numérique. Ces métiers ne concernent pas uniquement les data scientist mais intègre également les demandeurs d’emploi sous des niveaux variés. L’objectif est de construire un parcours adapté aux personnes considérées. Il est également possible de bâtir des parcours de construction des compétences (validation de projet) ou des parcours modulaires via un incubateur d ‘expériences. »
A ce jour, pas moins de 500 personnes sont ainsi accompagnées chaque année, avec un taux d’insertion de l’ordre de 90%. Un bilan intéressant qui se développera dans de nouvelles régions. Carine Seiler, haut-commissaire aux Compétences ajoute : « Nous soulevons un grand besoin de diversifier les profils. La grande école du numérique permet de former 20 000 jeunes vers les entreprises du numérique. C’est un bon point. Mais il convient de poursuivre un « plan Marshall » de la formation. Un plan d’investissement de 15 milliards d’euros est sur la table pour former les chômeurs aux métiers de demain. Dans une période ou la croissance repart, personne ne doit être sur le bord de la route. »
Une forte demande d’ingénieurs en France
A l’heure actuelle, des freins d’ordre psychologiques subsistent pour certaines personnes souhaitant intégrer un profession dans le numérique. Des barrières qu’il convient de lever instamment. Cynthia Fleury, philosophe, explique : « L’un des freins réside encore dans le fait de croire qu’il n’existe qu’une approche instrumentale du numérique. Cela freine particulièrement les étudiantes. Il convient donc de montrer à quoi servent concrètement les nouvelles technologies. Je propose de favoriser une approche holistique, concrète au moyen de hackatons ou de concours pour montrer ce que permet réellement le numérique. La finalité étant alors celle de l’impact dans le monde. Pour faire impact et échelle, le numérique est nécessaire. Il s’agit en somme d’une façon différente d’enseigner le numérique. »
Des propos relayés par Baptiste Larseneur, chargé d’études à l’Institut Montaigne. Il ajoute : « Aujourd’hui, 80% de la demande des professionnels se dirige vers les ingénieurs. L’important est donc de former au numérique le Top management de l’Education nationale, afin qu’il puisse imprimer le mouvement. Il est ainsi nécessaire de flécher les élèves vers ces formations pour assurer une transition plus rapide vers le numérique. Le besoin est patent alors même que seulement 4% des budgets sont ouverts à la formation. »
Formation et Education : vers un changement de paradigme
L’élection présidentielle 2022 constitue, sans conteste, un momentum certain pour engager les enjeux liés aux volets Formation et Education. Un instantané partagé par l’ensemble des intervenants présents au grand débat organisé par Numeum.
Cynthia Fleury explique : « L’enjeu des gouvernements est de prendre de nouvelles mesures pour l’Education. Qu’il s’agisse d’Education au numérique ou par le numérique. Nous sommes chacun dans des mondes fusionnés entre numérique et réalité, grâce notamment au cloud computing. Nous assistons véritablement à un méta-changement qui constitue notre milieu de vie quotidien. Il est important de le comprendre, sans quoi nous passerons à côté de notre existence. »
L’enjeu est de taille, et les objectifs mesurables. De nombreux rapports indiquent qu’à l’horizon 2030, le numérique modifiera 50% des emplois. Les experts recommandent de mettre en place un parcours progressif pour concerner les élèves au sujet.
Romain Bendavid, directeur du Pôle Corporate et Climat Social à l’IFOP conclut : « La période est propice au volontarisme et à l’acquisition de compétences digitales. Le confinement a fait gagné 10 années en termes de connaissance. De nombreux salariés ont été résilients et ont montré une appétence pour aller vers de nouvelles compétences. On peut donc se permettre de raisonner de manière positive. »
Olivier Robillart