Le programme Femmes du numérique vise à promouvoir l’attractivité du numérique auprès des femmes et à favoriser leur intégration dans la tech. Un travail permanent conduit par Julie Robin, Présidente de la commission Femmes du numérique, et Jean-Christophe Morisseau, Vice-président.
Alors que les entreprises du numérique sont en demande constante de nouveaux talents, le nombre de femmes présentes dans ces mêmes organisations demeure très faible. Pour combler ces manques, la commission Femmes du numérique présidée par Julie Robin (Salesforce) détaille son ambition pour les années à venir.
Quel état des lieux partagez-vous en termes de manque de femmes dans le numérique ?
Julie Robin et Jean-Christophe Morisseau : Nous partageons le constat selon lequel 7 collaborateurs des entreprises du numérique sur 10 sont des hommes. Ce manque de personnel féminin est encore plus flagrant dans les professions techniques. Les derniers chiffres de 2020 évoquent un taux de 18% seulement de femmes dans les professions dites IT. Le constat est plus prégnant encore lorsque l’on prend en compte les créateurs d’entreprises ou de start-ups. Actuellement, seulement 5% de ces nouveaux entrepreneurs sont des femmes. Le sujet de la faible présence des femmes dans les entreprises du numérique est donc pour le moins critique.
Ce constat part initialement de l’éducation et de la formation. Alors même que « Femmes du numérique » existe depuis 10 ans, encore trop peu d’étudiantes se sont dirigées vers des formations dédiées au numérique. Nous sommes donc en face d’une véritable pénurie des talents dans le numérique. Et les femmes constituent un maillon incontournable pour que les entreprises puissent se développer et devenir davantage diverses.
« Femmes du numérique » a donc pour objet de promouvoir l’attractivité du numérique auprès des femmes. Les actions sont ainsi conduites à l’échelon des territoires grâce au travail des déléguées régionales du programme. Elles réalisent des actions concrètes au quotidien. Au niveau national, nous collaborons avec nos partenaires dans l’optique de fédérer les initiatives autour des thèmes liés à l’égalité, la diversité et l’inclusion des femmes dans le numérique.
La commission de Numeum est ainsi membre fondateur de Femmes@Numérique, laquelle œuvre également, en rassemblant plusieurs organisations et associations, dans un sens commun. Cela permet d’amplifier les actions menées et de capitaliser sur les bonnes pratiques de chacun. Nos objectifs sont ainsi clairs : agir sur l’orientation, sensibiliser aux stéréotypes de genre, lutter contre la faible attractivité des métiers du numérique. Enfin, nous agissons en faveur de la reconversion des femmes dans le numérique.
Quelles sont les priorités du programme Femmes du numérique pour 2022 ?
Julie Robin et Jean-Christophe Morisseau : Nous souhaitons mettre en place une forme de renouveau, mais dans la continuité de ce qui a déjà été entrepris. L’accent sur lequel nous devons porter notre attention est l’importance que les hommes et les femmes travaillent ensemble. En particulier sur le thème de la diversité et de l’inclusion des femmes dans le numérique. Les hommes doivent également porter ces sujets, il s’agit de l’axe de travail qui nous sert de matrice pour agir de concert. Hommes et femmes ont un rôle commun à jouer pour une plus grande égalité des chances, plus de diversité et d’inclusion dans le numérique
Plusieurs actions seront donc conduites dans les prochaines semaines. Nous entendons amplifier la veille stratégique sur le sujet, fédérer l’écosystème en interne et externe sur le sujet de la mixité. Mais aussi mobiliser la communauté autour de nos projets et de nos propositions. L’idée étant ainsi de structurer et approfondir les travaux initiés.
En tant que membre fondateur de Femmes@Numérique et membre de son Conseil d’administration, Numeum a à cœur de cibler particulièrement les projets relatifs à l’éducation et à la reconversion. Nous nous devons également de poursuivre les travaux avec Social Builder. Nous avions lancé avec eux le Manifeste pour la reconversion des femmes dans les métiers du numérique. L’objectif est désormais de le faire vivre. Mais également de capitaliser sur les enseignements reçus pour poursuivre nos travaux en matière de reconversion des femmes vers le numérique.
Comment mettre en avant de nouveaux modèles féminins de réussite pour inspirer les plus jeunes ?
L’absence de rôles modèles auprès de qui les femmes peuvent s’identifier constitue une véritable problématique. Par effet direct, peu d’entre elles choisissent le numérique comme voie de carrière. Il convient à présent de briser cette chaîne en mettant en avant des rôles modèles. Nos ambassadrices en région sont présentes pour montrer que les réussites existent et qu’il est possible d’agir positivement.
Femmes@Numérique a également mis en place un annuaire des femmes qui exercent des fonctions techniques numériques. Cet annuaire permet de donner une visibilité certaine à des profils variés.
Une partie de la réponse vient aussi des hommes. Il est, par exemple, opportun que ces derniers n’acceptent pas de participer à un événement ou une conférence si le panel est exclusivement masculin. Cela constitue une éthique qui va dans le sens d’une meilleure mise en visibilité de tous les publics. Y compris féminins.
Qu’attendez-vous des candidats à la présidentielle ? Vont-ils se saisir de la question de la mixité dans les métiers du numérique ?
Numeum porte de nombreuses propositions fortes auprès des candidats. L’objectif est de mettre le numérique au cœur des débats de la présidentielle. Nous souhaitons rappeler que l’inclusion par le numérique est et restera un sujet majeur à l’avenir. Il représente l’axe transverse de l’ensemble de nos propositions. Nous avons donc mis les sujets sur la table. Il revient à présent à chaque candidat de se saisir de ces questions.
Olivier Robillart