Les élections législatives du 30 juin et 7 juillet 2024 peuvent apporter des modifications conséquentes dans l’organigramme du pouvoir. De son côté, le secteur du numérique scrute les programmes des candidats. Explications.
Les élections législatives et la constitution d’un nouveau gouvernement vont-elles modifier en profondeur le secteur du numérique ? La question a le mérite d’être posée dans la mesure où l’écosystème s’interroge quant aux propositions formulées par les candidats. Tant aussi bien d’un point de vue macro-économique que sur des volets proprement numériques.
Toujours est-il que plusieurs scénarios sont envisageables suite aux deux tours des élections législatives. Le premier étant celui d’une cohabitation. Dans un optique d’obtention de la majorité absolue, plusieurs cas sont possibles. En cas de victoire du Rassemblement National, Jordan Bardella se proposerait naturellement en tant que Premier Ministre. Si le Front Populaire l’emporte, le poste reste encore indéterminé vu que cette coalition existe sous la forme d’une alliance entre 4 formations politiques. Il est probable qu’un vote interne détermine le locataire de Matignon.
En cas de majorité relative, le gouvernement devra prononcer en premier lieu un discours de politique générale lequel aboutira à un vote de confiance. Si le gouvernement ne survit pas à ce dernier, un nouveau devra être constitué. A défaut, les textes budgétaires agiront comme des moments clés. Les experts insistent sur le fait que ce scénario peut provoquer une certaine instabilité institutionnelle. D’autant que le Président de la République, Emmanuel Macron ne sera pas en mesure de prononcer de dissolution de l’Assemblée nationale avant un an. En somme, en l’absence de majorité absolue, le pouvoir pourrait annoncer un gouvernement dit « technique » avec des profils transpartisans voire mettre en avant des personnes disposant de bagages davantage technocratiques.
Ce que contiennent les programmes des candidats
Du côté des mesures, chaque parti a d’ores-et-déjà formulé des propositions. Certaines d’entre elles ne sont pas encore budgétisées et demandent encore de nouvelles clarifications. Lesquelles devraient arriver lors de la constitution du nouveau gouvernement.
De manière générale, en matière de soutien à l’innovation, le RN propose une sorte de préférence nationale ou européenne en matière de commande publique. Il propose de créer un fonds souverain français orienté vers les secteurs dits stratégiques, l’industrie et l’innovation. L’idée est également de poursuivre la baisse des impôts de production pour stimuler les implantations industrielles en France. Enfin, s’il est élu, le parti entend exonérer d’impôts pendant 5 ans les entreprises créées par des personnes de moins de 30 ans.
Sur la même thématique, le Front Populaire met l’accent sur les TPE/PME via des prêts consentis à taux zéro ou 1 %. L’idée est également de conditionner les aides aux entreprises à des critères environnementaux et sociaux. Une partie du programme est donc liée aux aides allouées actuellement aux entreprises que le parti compte « remettre à plat« .
Enfin, le parti Ensemble souhaite poursuivre la politique déjà engagée via le maintien du plan France 2030. Là encore, l’objectif est de soutenir les startups et la commande publique. L’idée est également d’appuyer son activité dans plusieurs secteurs clés comme la santé, l’énergie et les technologies vertes.
Élections législatives : la question du travail et de l’emploi
En conséquence directe des aspirations économiques, les programmes proposés sur les thèmes de l’emploi sont évidents. Le RN compte « revaloriser les revenus du travail » par une incitation forte à l’augmentation des salaires. Le parti propose d’organiser une conférence sociale sur les salaires et les conditions de travail. Toutefois, ces mesures n’ont encore que peu de chiffrement quant à leur coût.
Pour sa part, le Nouveau Front Populaire propose de financer ses réformes par des mesures fiscales portant sur les « super-profits » et un meilleur ciblage des revenus importants. Ils comptent donc accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu à 14 tranches avec un progressivité de la CSG.
En ce qui concerne Ensemble, le parti propose un équilibre entre la poursuite de ses propres engagements et de nouvelles propositions. Il souhaite poursuivre la réindustrialisation de la France avec un objectif de création de 200 000 emplois et de 400 usines d’ici 2027. Ensemble maintient sa règle visant à ne pas augmenter les impôts des Français.
Education et formation au centre
Sur le sujet de l’Education et de la formation, le RN veut recentrer les enseignements sur les savoirs fondamentaux (Sciences, Français, Mathématiques, Histoire…) Il propose en outre de soutenir les jeunes financièrement ainsi que les entreprises qui font le choix de l’apprentissage ou de l’alternance. Là encore ces propositions manquent de précisions quand bien même le parti entend maintenir un dialogue renforcé avec les organisations professionnelles sur les sujets de l’offre de formation initiale et continue.
Le Nouveau Front populaire veut abolir ParcourSup et revaloriser les grilles de salaires de l’Enseignement national. L’idée est enfin d’encourager la mixité sociale en modulant les dotations scolaires. Pour ce dernier point, des objectifs concrets doivent encore être fixés pour déterminer la portée véritable de cette proposition.
Enfin, Ensemble poursuit l’objectif de mieux former les professeurs, d’attirer et d’accueillir des chercheurs, médecins et étudiants à fort potentiel.
Malgré l’importance des mesures présentées, aucune ne fait directement allusion au numérique ou à la tech à proprement parler. Du fait, très probablement, de la rapidité de la campagne électorale. Quoi qu’il en soit, des mesures plus précises sur le numérique (IA, technologies d’avenir) devraient être explicitées entre les deux tours, sinon à la suite des élections législatives.
Olivier Robillart