Le secteur de la e-santé recrute, il est même confronté à un besoin permanent de collaborateurs. Une étude de l’Opiiec réalisée en collaboration avec Numeum indique les principaux métiers qui recrutent et propose des pistes de développement de l’écosystème numérique.
Le secteur du numérique en santé ou e-santé est en plein développement. Plus qu’en forte croissance, l’écosystème a atteint, notamment suite à la crise sanitaire liée au Covid, un point de maturité incontestable. Pour autant, les entreprises du secteur reconnaissent rencontrer des difficultés pour recruter de nouveaux collaborateurs disposant d’une double compétence numérique et santé.
D’autant que les experts s’attendent à ce que le marché poursuive sa croissance à travers le monde. Une progression de l’ordre de 18,6 % par an du chiffre d’affaires mondial est anticipée jusqu’en 2030. Le secteur devrait alors atteindre 809 milliards de dollars environ à cette même échéance.
L’étude baptisée « Développement de la e-santé, besoins en compétences, emploi et formation » réalisée par l’Opiiec et l’Opco-Atlas, en partenariat avec Numeum, et bva People consulting, présente le sujet de manière objective. L’idée étant également de comprendre les mutations à l’œuvre au sein même de cet écosystème.
Toujours est-il que les industriels ainsi que les constructeurs de dispositifs médicaux développent de plus en plus de solutions connectées ou numériques intégrant des usages de l’IA et des données de santé. A titre d’exemple, depuis 2017, des logiciels qui traitent des données de santé pour aider au diagnostic médical ou à la prescription sont considérés comme des dispositifs médicaux et sont soumis au marquage CE.
Les grandes tendances dans la e-santé
Consécutivement à la maturité du développement de la e-santé, plusieurs tendances prospectives sont à l’œuvre. Ces dernières sont mêmes appelées à se développer dans les prochaines années. La première d’entre elle est sans aucun doute le développement des solutions et produits numériques pour améliorer l’accès à la santé, à la prise en charge. Ces outils sont aussi destinés à fluidifier les parcours des professionnels. Un mouvement corroboré par le fait que les entreprises qui œuvrent dans le domaine de la e-santé indiquent une croissance forte de cette verticale en termes de chiffre d’affaires (+48 % en moyenne).
Autre tendance lourde, les besoins massifs en termes de cybersécurité s’inscrivent dans un contexte de données sensibles, de plus en plus partagées au sein de l’écosystème. En corolaire intervient le développement de l’analyse de données de santé et le recours à l’IA au bénéfice de la prévention, de la santé populationnelle et de l’efficacité du système de santé. Il s’agit là d’un élément global conséquent dans la mesure ou il met en avant un lien entre compétences médicales et numériques.
Parmi les autres tendances, l’étude constate l’augmentation des besoins de compétences en matière de mise en conformité des produits et solutions numériques. Un domaine qui va croître du fait des activités et des exigences règlementaires croissantes. Enfin, ces mutations vont de pair avec le développement commercial et la recherche d’un positionnent et d’un modèle économique pérenne.
Les métiers qui recrutent
La grande majorité des recrutements ont et auront lieu autour des métiers de développeurs (18 %). Suivent les chefs de projet ou directeurs de projet (7 %), puis les business développer/commercial (7 %), les ingénieurs cloud computing, architectes SI (6 %), les administrateurs systèmes, réseaux et infrastructures (5 %) puis les ingénieurs intégration (5 %). Les Data Scientists et Data Analyst arrivent chacun plus loin à 3 %.
Dans ce cadre, 64 % des entreprises sondées constatent des difficultés de recrutement autour du manque de candidats expérimentés. La seconde préoccupation est le manque de jeunes diplômés (23 %). Ainsi, plus d’un tiers des entreprises (35 %) indiquent rechercher des candidats disposant d’une connaissance du secteur de la santé.
En termes de formation, le constat est donc évident d’un manque de lien entre numérique et santé. L’idée est donc d’accroitre la proportion de spécialistes du numérique possédant une culture en santé avec une création de 12 masters. Dans le même sens, l’objectif est de créer des directeurs de structure sanitaires et médico-sociales, des juristes possédant une culture en santé numérique ou de chargé d’affaires règlementaire pour évaluer la conformité numérique en santé.
L’étude constate aussi l’existence de véritables freins à l’accès à la formation continue. Plus de 8 entreprises sur 10 (84 %) déclarent rencontrer des obstacles dans ce domaine. Principalement à cause motifs de nature financière (prix des formations voire un budget de formation limité).
Face à ces enjeux, les experts recommandent de faciliter l’accès à un catalogue des formations spécifiques au numérique en santé, de renforcer les liens entre entreprises et établissements de formations. Il est enfin question de renforcer l’acculturation règlementaire dans les formations initiales au numérique et de faciliter le rapprochement des entreprises de la santé avec ceux du numérique.
Olivier Robillart