Coup de projecteur sur le marché du BIM et des ConstrucTech. Entretien avec David Vauthrin, co-fondateur de la pépite Finalcad.
Quels sont les points majeurs permettant de faire croître le marché du logiciel ?
Dans notre industrie, il est nécessaire de s’occuper plus particulièrement des ETI et des PME, à savoir les entreprises qui réalisent entre 5 millions et 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. La plupart des acteurs de notre secteur ciblent et s’adressent majoritairement aux grands comptes. Nous sommes animés par la mission de changer la façon de construire, de faire un saut quantique dans la modernisation du BTP. Pour cela, il ne faut pas se consacrer qu’aux majors car elles ne représentent que 20% du marché.
Sur 200 milliards d’euros d’activité BTP chaque année en France, les acteurs les plus importants n’en couvrent même pas la moitié. Par incidence, très peu d’acteurs sur le marché parlent aux PME ou aux ETI alors qu’elles sont mûres pour le digital. Ces entreprises savent choisir les meilleurs partenaires pour assurer leur développement. Elles sont également davantage ouvertes pour mettre en œuvre des stratégies d’Open Innovation ou pour travailler de manière concertée.
Nous nous positionnons comme un éditeur de logiciels ConstrucTech, on ne réalise donc pas de développement spécifique pour nos clients. Toutefois, nos clients les plus engagés contribuent à la construction du produit. Certains d’entre eux comme Eiffage ou certains clients Japonais disposent d’une place forte dans la hiérarchisation des choix des évolutions, avec un impact sur notre roadmap générale.
A quoi doit-on la forte croissance du marché des ConstrucTech ?
En France, il existe 4 ou 5 concurrents majeurs sur ce secteur. Voilà quelques années, beaucoup d’entre nous se concurrençaient frontalement, ce qui a eu pour conséquence de tirer les prix vers le bas. Et c’est négatif car ça limite la qualité de service, comme l’innovation logicielle. Par la suite, nous avons assisté à une répartition intelligente au travers de laquelle chacun a choisi sa spécialité avec de véritables positionnements différenciés. Ces dernières années, le marché s’est donc étendu par typologies de projets, d’acteurs et de métiers.
Cela permet aussi de se diversifier vers d’autres typologies de structures comme le rail, le réseau routier ou l’énergie. Cette ouverture nous permet de tripler notre marché adressable. Nous avons dans ce cadre signé deux contrats avec Alstom Transport en matière ferroviaire sur des projets majeurs. Aborder ces secteurs demande des changements dans l’organisation, le vocabulaire, le suivi des clients, afin de s’adapter à leurs métiers. Mais cela ne change en rien le noyau dur que représente le code de l’application.
En quoi est-ce important de développer un écosystème propre à la construction ?
En 2012 a commencé à se construire un secteur propre au développement de chantiers et à la construction. Le domaine regorge de start-ups qui réalisent de nombreuses levées de fonds. L’écosystème se structure. L’organisme French PropTech est ainsi en train de créer un véritable démonstrateur comprenant des dizaines de start-ups sur l’ensemble du cycle de vie d’un ouvrage. De la conception à la l’exploitation en passant par la construction, pour connaître toutes les start-ups et ainsi délivrer de la visibilité en tant qu’acheteur. Aujourd’hui, le secteur manque encore de visibilité et de lisibilité car il existe des centaines de start-ups sur la filière.
Nous n’assistons pas encore à une réelle structuration du marché des ConstrucTech au moyen de fusions ou d’acquisitions. Pour le moment, le secteur se situe dans une phase de marché pendant laquelle il existe encore peu d’acteurs qui émergent capables d’opérer des rachats de jeunes start-ups. De nôtre côté, nous regardons ce qui se fait à l’extérieur en termes de croissance externe car cela peut permettre d’aller plus vite en termes de go-to-market.
Actuellement, les entreprises réalisent de belles levées de fonds, les entreprises grandissent. Dans les 5 années à venir, devraient donc naturellement survenir des acquisitions et fusions. La phase de consolidation devrait prochainement intervenir.
Olivier Robillart