Le domaine de la santé a de plus en plus recours à l’intelligence artificielle. Afin d’accélérer l’innovation, de dégager davantage de temps disponible pour les chercheurs ou de générer des leviers de croissance, la technologie s’impose. Parole d’experts.
L’IA et la santé vont désormais de pair. La technologie est de plus en plus utilisée par les chercheurs et spécialistes du domaine. Elle génère en effet de nombreuses potentialités nouvelles tout en considérant une approche objective de la gestion relative aux données de santé. Pour explorer ce champs des possibles, Numeum a invité plusieurs experts du sujet afin de partager leurs retours d’expériences.
Le Dr Jean-Emmanuel Bibault, cancérologue HEGP et chercheur spécialisé en intelligence artificielle, explique : « l’IA générative va permettre de créer des outils non plus utilisés par les médecins mais par les patients eux-mêmes. Il peut s’agir d’interfaces dédiées aux patients ou renforçant la relation avec le praticien. Certains pays comme les Etats-Unis vont développer une forme d’auto-médecine appuyée par la technologie. De nombreux patients peuvent se concentrer sur l’efficacité des traitements. La relation avec le médecin pourra être augmentée par l’IA, éventuellement générative. »
Le Dr Alain Toledano, cancérologue et fondateur Institut Rafaël, explique de son côté : « Il est évident qu’il va falloir passer d’une médecine prescriptive à une médecine intégrative. Car actuellement l’offre ne correspond pas à la demande qui est formulée. La création de valeur en santé doit se faire en repensant l’impact réel clinique pour le patient et pour le système entier. Il faut donc mettre le patient au centre. Le numérique doit réhumaniser cette relation. »
Quelle place donner au médecin « augmenté » ?
Pour sa part, Dr Guillaume Martin, responsable des affaires médicales de Synapse Medicine, précise : « l’IA générative vient croiser les recommandations des professionnels et les médicaments disponibles avec une synthèse de suivi. L’objectif est de faire gagner du temps à tout le monde. Car il y a de moins en moins de médecins et moins de temps est consacré au traitement de certaines pathologies. Notre vision est de développer l’intégration de la technologie dans le quotidien du praticien. Les modules d’IAG doivent être actionnables facilement pour lui. Et cela de manière interopérable. »
Des propos que relaie le Dr Guillaume Herpe, directeur médical d’Incepto, IA et imagerie. Le responsable explique : « La technologie représente un enjeu pour la radiologie. A ce jour, 90 % des utilisations d’IA se font dans ce domaine. Nous avons quitté la phase de ‘hype’ pour atteindre une utilisation quotidienne. Certains professionnels valident désormais cette utilisation car ils ont une bonne perception de l’ajout que cela apporte dans leur pratique. »
L’utilisation de la technologie doit pouvoir permettre de rapprocher le praticien de son patient. Les systèmes de santé actuels sont, en effet, structurés de manière à nécessité de développer une nouvelle approche. Alain Toledano explique : « Les praticiens ne doivent pas être des vendeurs d’outils car les patients doivent réellement comprendre les traitements qui leurs sont proposés. Cela permet de mieux les accepter et de favoriser les bons résultats. »
Jean-Emmanuel Bibault ajoute : « L’IA va permettre d’aider le médecin sur l’ensemble des volets qui ne concernent pas la relation humaine à proprement parler. Pour la relation avec les patients, le praticien ne sera jamais remplacé. Et la technologie ne doit pas avoir cet objectif. »
Olivier Robillart