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Cegid, Talentsoft, Amalto : le marché du logiciel se consolide

Depuis plusieurs mois, le marché des logiciels B2B se consolide. L’annonce de négociations entre Cegid et Talentsoft est le point d’orgue de ce mouvement majeur dans le paysage tech français initié suite aux bons résultats du secteur durant la crise sanitaire actuelle.

Le marché du logiciel B2B connaît un mouvement majeur de consolidation. Dernière annonce en date, les actionnaires de Talentsoft ont indiqué être entrés en négociations exclusives avec Cegid. L’objectif est ainsi de donner naissance à un véritable champion français, leader sur le marché européen des solutions de Gestion de la Paie et des Ressources Humaines dans le Cloud.

Cegid sur la voie de la consolidation TechTalks

L’ambition de ce nouvel ensemble est donc de créer un véritable géant du secteur. Ce dernier doit ainsi être capable de mettre son activité à l’échelle et conquérir de nouveaux marchés. Aussi bien en Europe qu’à l’international. Au-delà même de cette volonté, l’objectif sous-tendu par cette initiative est la création d’un champion. A l’instar de Dassault Systèmes, il doit être capable de délivrer une impulsion forte sur l’ensemble du marché.

Dans une note, Pascal Houillon, CEO de Cegid, explique : « En combinant nos deux entreprises Talentsoft et Cegid deviennent un groupe leader de plus de 600 millions d’euros de CA annuel. Notre vision, la puissance de nos deux marques, la performance du portfolio produits rassemblé, le talent de nos équipes respectives, notre culture de cocréation et d’entrepreneuriat ainsi que notre expertise commune avec plus de 80% de notre CA combiné dans le Cloud sont une formidable opportunité ».

Soutenu par les fonds de Private Equity Silver Lake et Alta One, Cegid a en effet entrepris une stratégie offensive. L’objectif depuis plusieurs mois est ainsi de faire de l’entreprise un incontournable du secteur. Pascal Houillon nous indiquait à ce titre en 2019 son ambition de « plus que doubler notre chiffre d’affaires d’ici 4 ans ». Une résolution qui passe par ce type d’opération de croissance externe.

Talend, Sidetrade, Amalto, Mediatech-cx…

L’ex-groupe lyonnais n’est pas le seul à entrer dans le cadre de ce mouvement de consolidation du logiciel en France. En mars dernier, le fonds de capital-investissement américain spécialisé dans le logiciel Thoma Bravo a indiqué avoir mis la main sur Talend. La somme de l’opération est estimée à 2,4 milliards de dollars. L’éditeur français spécialisé dans l’intégration et l’intégrité des données sort ainsi de la cotation au Nasdaq. Il précise en outre que ces nouveaux capitaux devront assurer sa croissance à long terme.

Plus récemment, l’éditeur SaaS de gestion des transactions a racheté la pépite Amalto pour 13,5 millions d’euros. L’éditeur, particulièrement bien implanté aux États-Unis, permet à la société de générer de nouveaux leviers de croissance. Enfin, le groupe Avis Vérifiés, dédié à la collecte d’avis traduits en 17 langues, s’est rapproché de Teester et Mediatech-cx. Là encore, cette consolidation a pour objectif de développer l’activité à l’international. Mais également de profiter de la croissance d’ensemble du secteur.

Cette consolidation est donc effective dans la mesure où une partie des éditeurs de logiciels ont traversé la crise sanitaire en limitant les effets de bords. Si cette période complexe a eu certes des effets sur la croissance de ces entreprises, elles n’ont toutefois pas connu de revers majeurs ou de changements drastiques de leurs activités. Au contraire, la récente crise sanitaire liée à la Covid-19 a montré le besoin pour les entreprises de maintenir sinon d’accélérer leur transformation numérique.

Enfin, si cela devait être encore démontré, les derniers mois ont prouvé que le mode SaaS pouvait rester robuste et pérenne pour toute organisation. Bien que certains ARR, MRR aient diminué du fait de l’arrivée de nouveaux clients de taille plus réduite (TPE/PME), l’afflux d’utilisateurs nouveaux permet d’entrevoir de bonnes perspectives en termes de prospection et de transformation.

Un besoin de fonds ?

Alors que les appétits s’aiguisent, les fonds ne sont pas en reste. Ils entendent bien compter sur ce mouvement de consolidation du secteur. Preuve en est la mise sur pied du plus grand fonds de l’histoire du LBO français. La société d’investissement Ardian a annoncé avoir levé 7,5 milliards d’euros pour des acquisitions en Europe et aux Etats-Unis. Comme le souligne Les Echos, ce fonds dépasse à lui seul toutes les levées de l’année 2020 dans l’Hexagone.

Philippe Poletti, président du directoire d’Ardian France et responsable d’Ardian Buyout explique : « Nous ne ferons pas preuve d’opportunisme en jouant les cycles de retournement. Ni en prenant le contrôle d’entreprises dévalorisées par la crise sanitaire. Nous n’avons pas vocation à contribuer aux dispositifs public-privé de soutien en fonds propres, bien que nous soyons très sollicités. Notre stratégie reste concentrée sur les entreprises de croissance, de la santé, de la tech, des services et de l’industrie alimentaire ». L’organisme, déjà présent dans le domaine du logiciel, entend donc profiter de la manne générée par ce dernier.

Face à cet ensemble de mouvements, un seul élément semble manquer à l’appel. L’Europe manque encore d’un véritable Nasdaq propre, capable de créer une culture de l’investissement dans le numérique. Ce marché boursier pourrait encourager davantage ce mouvement de concentration visant à mettre en valeur de véritables champions de la Tech et du logiciel.

Olivier Robillart