L’aviation poursuit sa mue en vue de limiter son empreinte écologique. A l’image de l’avion bas carbone, le secteur s’engage en faveur de la transition numérique au moyen de technologies innovantes et de logiciels performants.
L’aviation est, par essence, le secteur dans lequel les innovations numériques peuvent apporter des solutions nouvelles. L’aéronautique est en effet régulièrement critiquée pour son caractère énergivore en ressources fossiles. Ces réalités ont eu des effets de bord sur les habitudes de consommation d’une partie de la clientèle. En Suède, s’est ainsi développé le concept de « flygskam » consistant à boycotter le recours aux déplacements en avion face à l’urgence climatique.
Pour autant, les solutions innovantes existent. Dans ce cadre, la numérisation des process peut se mettre au service de la transition numérique. Qu’il s’agisse de jumeau numérique ou d’innovation énergétique, le numérique se porte en soutien à l’industrie pour développer de nouveaux moyens d’être responsable. Invité par le Cnis, experts et professionnels du sujet se sont réunis afin d’aborder ces innovations.
Le collectif part d’un constat fort. A ce jour, sur 2 570 aéroports présents en Europe, 90% des passagers ne transitent que par 43 d’entre eux. Pour rationaliser ces déplacement, les experts préconisent de favoriser le vol de courte distance. Ce mode de déplacement pourrait modifier pour tout ou partie le modèle économique dominant.
Un moteur hybride pour un avion bas carbone
Exemple de ce volonté d’engager une transition forte en direction de l’écologie, VoltAero développe un avion d’aviation générale. Les modèles sont dotés de moteurs à propulsion hybride-électrique. L’idée du projet réside dans le fait que le moteur ira puiser dans ses ressources électrique en fonction de la nature du trajet. Un mix électrique/thermique se met donc en place en fonction des besoins.
En somme, VoltAero propose ses modèles pour des usages divers tels que le transport de personnes, de familles grâce aux modèles de 4, 6 ou 10 places. L’avion peut alors permettre de partir au ski, à la plage ou se rendre dans des activités de loisirs diverses. Aussi, certains secteurs professionnels comme le trafic postal ou la livraison rapide peuvent saisir l’opportunité de ce mode de déplacement rapide et écologique.
Jean Botti, CEO et CTO de l’entreprise explique : « A date, je regrette que la France n’existe plus dans le marché de l’aviation générale verte. Notre ambition est de faire exister une voix française et européenne. Car la concurrence est bel et bien présente, principalement en Chine et aux Etats-Unis« . Pour se développer, VoltAero a récemment reçu une dotation de 2 millions d’euros pour développer ses services. Aussi, l’Union Européenne a pris des parts dans la structure de l’entreprise à hauteur de 11 millions d’euros.
Le numérique au service de l’aviation verte
Pour développer ses modèles, l’entreprise a fait appel à des outils de numérisation de ses actifs. Dans ce cadre, l’apport de 3DExperience s’est révélé utile afin de modéliser les moteurs, ou même l’ensemble de la coque. L’idée est de pouvoir disposer de l’ensemble des assets, en version numérique afin de déterminer les meilleurs matériaux disponibles.
Daniel Pyzak, Directeur EMEA Catia Competency Center pour Dassault Systèmes explique : « Catia permet de maximiser une pièce en réduisant son poids tout en conservant la robustesse. Il est possible de visualiser tous les changements nécessaires à partir d’une interface unique. 3DExperience Catia accélère la digitalisation au service de la transition énergétique« .
Ainsi, la prochaine version de Catia, disposera d’une fonction baptisée Ecodesign. Cette dernière permet à un concepteur de connaître l’empreinte environnementale des procédés de fabrication. En fonction des matériaux utilisés ou de l’ensemble des paramètres enregistrés, un poids en valeur numérique évaluera la toxicité, la quantité d’eau nécessaire, l’énergie quantifiée… L’objectif étant ainsi d’épauler les ingénieurs et concepteurs dans la fabrication de produits qui respectent non seulement les cahiers de charges techniques mais également l’environnement.
Olivier Robillart